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pb 243 v

que ceulz qui ont eu les grans
dons de vous et les prouffiz,
le vous doivent rendre? Je
croy vrayement nennil, ains
vous fuyeront quant ilz vous
verront en cest estat que vous
n’auréz plus que donner et
se mocqueront de vous et des
folles largesses que vous
avéz faittes ne vous trouve
réz nul amy. Ne penséz pas
sur moy qui suis archeves
que de Couloingne
que doye
rompre mon estat pour le
vostre reffaire, ne vous donner
le patrimoine de l’eglise, par
ma foy nennil. Ma conscien
ce ne s’i accorderoit jamais.
Et aussi le pape ne les car
dinaulz
ne le souffriroient
point. Le conte de Haynau
ne s’est pas gouverné comme
vous qui a donné Marga
rite, sa aisnee fille, au roy
d’Allemaigne, Loÿs de Bavie
re
, encores en a il trois et les
mariera toutes bien haul
tement. Se vous vous feus
siéz aussi bien porté sans
avoir engaigié vostre heritai
ge ne mis voz chasteaulz et
voz villes hors de voz mains,
vous estiéz bien taillié de
venir a tel mariage comme
a l’une des filles du conte
de Haynau. Mais ou point
ou vous estes, vous ne y
viendriéz jamais. Vous ne
avéz ville, chasteau, ne seig
nourie dont vous puissiéz
douer une femme, vous le
avéz tant mal gouverné."

Le conte de Guerles pour les
parolles de son oncle l’arche
vesque de Coulongne fut
tout esbahi. Car il sentoit
bien et cognoissoit qu’il
lui remonstroit verité. Si
lui demanda en cause d’a
mour et de lignaige conseil.
"Conseil!", respondit l’arche
vesque, "c’est trop tart, mon
beau nepveu. Vous vouléz
clore l’estable quant les
chevaulz sont fuiz et per
dus. Je ne voy en touttes
voz besoignes que ung re
mede." "Quel?", dit le conte. "Et
je le vous diray," dit l’arche
vesque. "Vous devéz grant
somme a Berthault de Ma
lines
, qui est au jour d’uy
renommé le plus riche hom
me d’or et d’argent qu’on
sache par les grans faiz
de marchandise qu’il mai
ne par mer et par terre.
Car jusques en Damas, au
Caire et en Alexandrie ses
galees et ses marchandi
ses regnent et tient enga
gie une partie de vostre terre.
Cellui dont je vous parle,
a une moult belle fille a
marier. Si n’a d’en
fans. Haulz barons d’Alle
maigne
et des marches
de pardeça l’ont requise
avoir en mariage pour
eulz et pour leurs enfans,
si comme bien le sçay, n’y
pevent advenir. Car les
ungs il les resongne et les
autres il tient a trop petiz. pb 244 r