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pb 108 v

riens on n’en avoit sauvé. Encores furent
envoyéz une route de Gantoys a Malle, un
tresbel hostel du conte a demye lieue de
Bruges. Ceulx qui y alerent, y firent
moult de desroys. Car ilz desrompirent
tout l’ostel et abatirent et effondrerent
les fons ou le conte avoit esté baptisiéz,
et mirent a voitture sus chars tous le
bien, or, argent et joyaulx, et envoyerent
tout a Gand. Le terme de XV jours avoit
alant a Gand de Bruges et de Bruges a
Gand, tous les jours charians, deux cens
chars qui menoient or et argent, vaisselle,
draps, pennes et toutes richesces prinses
et levees a Bruges, de Bruges a Gand, ne
du grant conquest et pillaige que Phelippe
d’Artevelle et les Gantoys firent la en
celle prinse de Bruges, a peines le pourroit
on prisier ne esmer tant y orent ilz
grant prouffit.
SHF 2-283 sync Quant ceulx de Gand orent fait tout
leur bon de la ville de Bruges, ilz en
voyerent de la ville de Bruges a Gand cinq
cens bourgoys des plus nottables pour
la demourer en cause d’ostaigerie, et Fran
çoys Acremen et Pietre de Mutre et mille
de leurs hommes qui les convoyerent. Et
demoura Pietre du Boys cappitaine de
Bruges tant que ces portes, ces murs et
ses fosséz feussent mys a omny, et adonc
se departy Phelippe d’Artevelle a quatre mille
hommes et prist le chemin d’Yppre et
fist tant que il y parvint. Toutes ma
nieres de gens yssirent au devant de luy
et le recueillirent aussi honnourablement
comme se ce feust leurs seigneur natu
rel qui venist premierement a terre, et
se mistrent tous a son obeyssance, et
renouvella mayeurs et eschevins et la
fist toute nouvelle loy. Et la vindrent ceulx
des chastelleries oultre Yppre, de Cassel, de

Berghes, de Bourbourc, de Furnes et de Por
pringhes, qui tous se mistrent en son
obeyssance et jurerent foy et loyaulté
a tenir aussi comme a leur seigneur
le conte de Flandres. Et quant il ot ainsi
exploittié et que il ot de tous l’asseuran
ce et il ot sejourné a Yppre huit jours,
il s’en party et s’en vint a Courtray, ou
il fut aussy receuz a grant joye et s’y
tint cinq jours et envoya ces lettres
et ses messaiges a la ville d’Audenarde
en leur mandant que ilz venissent de
vers luy en obeyssance et que trop y a
voyent mis, quant ilz virent que
tout le paÿs se tournoit avecques
ceulx de Gand, et ilz demouroient der
riere, et se ce ne faisoient ilz se pour
royent bien vanter que temprement
ilz auroient le siege, et jamaiz de la
ne se partiroit sy auroit la ville et la
mettroit tout a onny et a l’espee tout
ce que dedens ilz trouveroyent. Quant
ces nouvelles vindrent en Audenar
de depar Phelippe d’Artevelle, encores n’y
estoit point venuz messire Daniaulx
de Halluin, qui en celle sayson en fu
cappitaine, et n’y estoient que les III
chevaliers dessus nomméz, qui respondi
rent chaudement qu’ilz ne faysoient
compte des menaces d’un varlet filz
d’un brasseur de miel, et que l’eritaige
de leur seigneur le conte de Flandres
ilz ne pouoient ne vouloient pas don
ner ne admendrir, mais le deffen
droient et garderoyent jusques au
mourir. Ainsi retourna le messaige
a Courtray. SHF 2-284 sync Comment le conte de Flan
dres se tenoit a Lisle et comment Aude
narde fut assiegee par les Gantoys
et Flamens.
Quant Philippe d’Artevelle
ot ouy parler son messagier ainsi pb 109 r

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