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pb 111 v

de Flandres. Sy se departy de Bapaumes,
messire Guy de la Tremouille en sa com
paignye et messire Jehan de Vianne, ad
miral de France, qui rendoient grant
peine de conseil ad ce que le conte feust
confortéz, et ces deux estoient les plus
grans et les plus haulx de son conseil.
Tant chevaucha le duc de Bourgoingne
et sa route avecques luy que il vint
a Senlis, ou le roy estoit et ses deux on
cles, Berry et Bourbon. Sy fut la receuz
a joye et puis demandés des nouvel
les de Flandres et du siege d’Audenar
de. Le duc de Bourgoingne a ces premie
res parolles en respondi moult saige
ment au roy et a ses oncles, et quant ce
vint au loysir, il trayst a une part son
frere le duc de Berry, et luy remonstra
comment ses Gantoys orgueilleux se
mettoient en peine de destruire toute
gentillesce, et ja avoient ilz ars et pillié
sus le royaulme de France, qui estoit
une chose moult prejudiciable, a la con
fusion et vittupere du royaulme et que
on ne leur devoit mye souffrir. "Beaulx
freres," dist le duc de Berry, " nous en par
lerons au roy. Nous sommes, je et vous,
les deux plus haulx de son conseil. Le
roy infourmé, nulz n’yra au devant de
nostre entente, mais a esmouvoir guer
re le roy de France et le royaulme a
Flandres, qui ont esté en bonne paix en
semble, il convient qu’il y ait tiltre et
que les barons de France y soient con
joint, autrement nous en serions de
mandé et encoulpé. Car le roy est jeu
nes et scevent bien toutes gens que
il fera en partie ce que nous vouldrons
et lui conseillerons. Se bien luy enpre
noit, la chose se passeroit en bien, se
mal en venoit, nous en serions deman

déz et trop plus blasméz que les au
tres et a bonne cause, et diroit on par
tout: "Veéz les oncles du roy, le duc de
Berry et le duc de Bourgoingne, com
ment ilz ont conseillié jeunement !
Ilz l’ont bouté en guerre et le royaul
me de France, dont il n’eust que faire."
Dont je dys, beau frere, que nous met
trons ensemble la greigneur partie
des prelas et des nobles du royaul
me de France et leur remonstrerons,
le roy present, vous personnellement
a qui il en touche pour l’eritaige de
Flandres, toutes ces incidences. Nous
verrons tantost la generalle voulen
té du royaulme." Respondi le duc de
Bourgoingne: "Vous parléz bien beau
frere, et ainsi sera fait comme vous
le dittes." A ces parolles veéz cy le roy,
qui entra en la chambre ou ses oncles
estoient, un esprivier sus son poing,
et se fery en leurs parolles et leur
demanda moult lieement en riant:
"De quoy parléz vous maintenant,
mes beaulx oncles, en si grant conseil?
Je le saroye voulentiers, se c’est chose
que on puist sçavoir.""Ouyl, monsei
gneur," dist le duc de Berry, qui fut ad
visiéz de parler. "Car a vous en appar
tient de ce conseil grandement. Veéz
cy vostre oncle mon frere de Bourgoin
gne qui se complaint a moy de ceulx
de Flandres. Car les villains de Flan
dres ont bouté hors de leur heritaige
le conte de Flandres leur seigneur et
tous les gentilzhommes, et encores
sont ilz a siege devant la ville d’Au
denarde plus de cent mille Flamens,
qui ont la assis grant foyson de gen
tilzhommes et ont un cappitaine qui
s’appelle Phelippe d’Artevelle, pur Angloys pb 112 r

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