Online Froissart
Facsimile mode    Settings    Browse  |  Collate      
pb 116 v

requerons depar le roy que vous nous vueil
léz saufconduit bailler et envoyer alant
et venant pour ceste paix faire amener
a conclusion bonne, syques le roy vous
en saiche gre et nous rescripséz responce
de vostre intencion. Nostre Sire vous vueille
garder. Escript a Tournay le XVIe jour d’ottobre.
SHF 2-302 sync Quant ces III lettres toutes contenans une
meesmes chose furent escriptes et
seellees, on les bailla a trois hommes et leur
fut dit: "Vous yrés a Gand, vous a Bruges
et vous a Yppre et nous rapporterés respon
ce." Ilz respondirent: "Voulentiers responce
vous rapporterons nous se nous la pou
ons avoir." A ces mots se departirent et
ala chascun son chemin. Quant cilz de Gand
vint a Gand, pour ce jour Phelippe d’Artevelle
y estoit, autrement ceulx de Gand n’eus
sent point ouvert la lettre sans lui. Il l’ou
vry et la leut, et quant il l’ot leue, il n’en fist
que rire et se party asséz tost de Gand et s’en
retourna devant Audenarde et emporta
la lettre avecques lui, mais le messagier demou
ra en prison a Gand, et quant il fut venuz de
vant Audenarde, il appella le seigneur de Har
selles et aucuns de ses compaignons et leur
leut la lettre des commissaires et dist: "Il sem
ble que ces gens de France se truffent de moy
et du paÿs de Flandres. Ja avoye je dit aux
bourgoys de Tournay quant ilz furent
avant hyer cy que je ne vouloie mais ouir
nulles nouvelles de France ne entendre
a nul traittié que on me peust faire, se
Audenarde et Tenremonde ne nous estoient
rendues." A ces mots vindrent nouvelles de
Bruges d’Ippre des cappitaines comment aus
si on leur avoit escript et que briefment les mes
sagiers qui les lettres avoient apportees esto
ient retenuz es villes et mis en prison. "Ce
est bien fait," dist Phelippe. Adonc musa il sus ces
lettres un petit, et puis s’avisa qu’il rescriproit

aux commissaires du roy de France. Si escripsi
unes lettres et avoit en la suppercripcion:
A tresnobles et discrés seigneurs les seig
neurs commissaires du roy de France.
SHF 2-303 sync Treschiers et puissans seigneurs, a voz
tresnobles discrecions plaise vous
sçavoir que nous avons receues tresa
miables lettres a nous envoyees de tresexcel
lant seigneur Charles, roy de France, faisans
mencion comment vous tresnobles seigneurs
estes envoyéz par deça pour traittier de
paix et d’accord depar luy entre nous et
hault prince monseigneur de Flandres et son paÿs,
et par le roy devant dit et son plaisir ay
ans plaisance de ce conclurre et accomplir,
siques ceulx de Tournay noz chiers et
bons amis
nous tesmoingnent par leurs
lettres patentes par nous veues. Et pour
ce que le roy escript que a luy moult
desplaist que les descords ont si longue
ment esté et encores sont, dont nous a
vons grant merveille comment ce puet
estre ou temps passé quant la ville de Gand
fut assise et la paix d’Audenarde estoit de
nulle valleur et aussi quant nous du commun
conseil des III bonnes villes de Flandres
a luy escripsimes, si comme a nostre souverain sei
gneur, que il voulsist faire la paix et ac
cord, que adonc ne lui pleut en autant
faire ainsi qu’il nous semble maintenant
que voulentiers feroit. Et aussi en telle maniere
avons receues unes lettres patentes conte
nans que deux foiz nous avéz escript que
vous estes venuz du roy devant dit char
gié si comme cy dessus est declairié, mais
il nous semble que selon nostre responce avons
sur ce envoyé, que nous avons voulenté d’en
tendre au traittié ce que fermement nul
traittié n’est a querre entre nous et le paÿs
de Flandres se ce n’est que les villes et forteres
ces, a la voulenté de nous, regart de Flandres pb 117 r