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pb 118 rCXVIII

les detenrons devers nous tant que
nous sachions le vray de l’assemble
ment des seigneurs et que a nous
plaira de eulx delivrer. Car vous sçavéz
que quant voz bourgoys furent derreniere
ment en Flandres pour trouver la paix
que la fut dit, ordonné et commandé
que on n’envoyeroit mais nulle person
ne ne par lettres ne autrement assavoir
est sans saufconduit ce que les seig
neurs commissaires la estant ont fait,
pour faire discord et content ou dit
paÿs. Sy vous prions, chiers amys,
que ne vueilléz plus envoyer nulle
personne en Flandres de voz bourgois
ne de autres depar les diz seigneurs,
mais se aucune chose vous plaist, a
vous touchant ou a voz bourgoys, ce que
nous pourrons faire nous recepvrons
voz besoingnes en telle maniere comme
nous vouldrions que les nostres feussent
receues par vous a qui nous avons au
cunement en ce cas et en plus grant
fiance, si comme on doit avoir en ses bons
voysins, et est nostre entencion, et gene
raulment du paÿs de Flandres que tous
marchans et leurs marcheandises pas
sent et voysent sauvement de l’un paÿs
a l’autre sans eulx ne aux marchean
dises riens forfaire. Et Dieu vous gart.
Escript en nostre ost devant Audenarde,
le XXIIIe jour du moys d’ottobre, l’an
mil IIIC IIIIXX et II. Phelippe d’Artevelle, regart
de Flandres et ses compaignons.
SHF 2-307 sync Au chief de III jours aprés ce que
la premiere lettre fut envoyee aux
commissaires du roy ainsi que les seigneurs
de Tournay estoient en la halle assemblé
en conseil, vindrent ces secondes lettres,
et furent apportees par un varlet de
Douay si comme il disoit, que ceulx estant

au siege de devant Audenarde leur envoyo
ient. Sy furent receues et portees en la
halle et les commissaires appelléz, et la fu
rent leues a grant loysir et conseillees. Fina
blement les commissaires distrent ainsi a
ceulx de Tournay qui demandoyent conseil
de ces besoingnes: "Seigneurs, nous vous
disons que vous n’ayéz pour le mieulx
nulle accointtance ne challandise a ceulx
de Flandres
. Car on ne vous en sauroit gre
en France ne ne ouvréz ne recepvéz nul
les lettres que on vous envoye de ce léz la.
Car se on le scet au conseil du roy que vous
le faittes, vous en recepvrés blasme et dom
maige, sy ne demourront pas les choses
longuement en tel estat." Et ceulx de Tour
nay
respondirent que ilz persevereroient
par leur conseil et que se a Dieu plaisoit,
ilz ne feroient ja chose dont ilz feussent
reprins. Depuis ne demourra que III
jours que les commissaires du roy se parti
rent de Tournay et retournerent devers
le roy, lequel ilz trouverent a Peronne et ses
trois oncles deléz luy, les ducs de Berry,
de Bourgoingne et de Bourbon.
SHF 2-308 sync Le jour devant estoit la venu le conte
de Flandres pour remonstrer ces besoin
gnes au roy et a son conseil et pour relever
la conté d’Artoys, en quoy il estoit tenuz.
Car encores ne l’avoit il point relevee
depuis la mort de sa mere, qui estoit trespas
see l’annee. Quant les commissaires du
roy furent venuz, le conseil se mist ensem
ble, present le jeune roy, et la furent leues
les deux lettres dessus dittes que Phelippe d’Artevelle
et ceulx de Flandres avoient envoyees
a Tournay. On les converty en grant mal
et fut dit que en la nouvelleté du roy de
France sy grans orgueulx qui estoit en
Flandres ne faisoit mie a souffrir ne a
soustenir, de ce ne fut pas le conte de Flandres pb 118 v