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pb 144 rC XLIIII

qui receut l’evesque et les compaignons
a grant joye. Sy mistrent hors de leurs
vaisseaulx petit a petit leurs chevaulx
et leurs harnoys et se logierent ceulx
qui logier se porent a Calais et en
viron en bastides qu’ilz avoient fait
et faysoient tous les jours, et furent
la jusques a quatre jours en may
en attendant leur mareschal, messire
Guillaume de Beauchamp, qui point
ne venoit. Quant l’evesque de Nordv
ich, qui estoit jeunes et voulentarieux
et qui se desiroit a armer, car enco
res s’estoit il petit arméz fors en Lom
bardie avecques son frere, se vit a Ca
lais et cappitaine de tant de gens, si
dist une foiz a ses compaignons: "Et
a quelle fin, beaulx seigneurs, sejour
nons nous cy tant? Messire Guillaume
de Beauchamp ne venra point. Il ne
souvient ores au roy ne a ses oncles
de nous. Faisons aucun exploit d’ar
mes puisque nous sommes ordon
néz ad ce faire, employons l’argent
de l’Eglise loyaulment puisque nous
en vivons, et en reconquerons du
nouvel sus les annemis." "C’est bon," res
pondirent ceulx qui a ces parolles
furent, "faisons assavoir a noz gens
que nous voulons chevauchier de
dens trois jours et regarderons quel
le part nous nous trayrons. Nous
ne pouons partir ne yssir des portes
de Calais nullement que nous n’en
trons sur terre de noz annemis, car
c’est France de tous coustéz, autant bien
vers Flandres comme vers Bouloingne
ou Saint Omer. Car Flandres est terre
de conquest et l’a conquise par puissan
ce le roy de France. Aussi nous ne pour
rions faire meilleur exploit tout con

sideré ne plus honnourable que du recon
querir. Car le conte de Flandres a fait un
grant despit a noz gens quant sans nul
tiltre de rayson il les a bannis et eschaciéz
hors de Bruges et de Flandres. Il n’a pas
deux ans qu’il eust ce fait moult enviz,
mais a present il luy convient obeyr
aux ordonnances et plaisirs du roy de Fran
ce et des Françoys." "Dont, se j’en estoient
creüz," dist l’evesque de Nordvich, "la premie
re chevauchee que nous ferions ce seroit
en Flandres." "Vous en serés bien creüz," se
respondirent messire Thomas Trivet et
messire Guillaume Helmon. "Ordonnons
nous sur ce et chevauchons celle part de
dens trois jours, ce sera sur terre d’anne
mys." A ce conseil ce sont du tout tenuz et
ce firent assavoir a leurs gens. SHF 2-363 sync Com
ment les Angloys prindrent la ville et le
moustier de Gravelines et comment le
conte de Flandres envoya parler a eulx.
A toutes ces parolles dittes et devisees
n’ettoit mie messire Hue de Cavrellee,
ainçoys estoit aléz veoir le cappitaine de
Guighes, un sien cousin qui s’appelloit
messire Jehan Droitton, et demourra a Gui
ghes tout ce jour qu’il y ala en entencion
de l’andemain revenir, si comme il fist. Et
quant il fut revenuz, l’evesque le man
da dedens le chastel ou il estoit logiéz et les
autres chevaliers aussi. Et pour tant que mes
sire Hue estoit le plus usaigiéz d’armes
de tous les autres et qui le plus avoit
veü, les chevallier avoient dit a l’evesque
qu’ilz vouldroient avoir l’advis de messire
Hue, ainçoys que ilz feyssent rient. Sy
luy dist, l’evesque present, eulx les parol
les dessus dittes et luy commanda qu’il en
desist son advis. Messire Hue respondy et
dist a l’evesque: "Sire, vous sçavéz sur
quel estat nous sommes yssus hors d’Anpb 144 v

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