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ceulx de Meun qui furent desconfis des
Angloys.
Je fus adoncques infour
méz que le conte de Flandres par
la parolle de l’evesque du Liege offroit a
l’evesque de Nordvich et aux Angloys qu’ilz
se voulsissent deporter de tenir le siege
de devant Yppre et aler autre part faire
guerre raysonnable sus les Clementins,
et il le feroit servir de cinq cens lances
trois mois tous plains a ses despens. L’e
vesque de Nordvich et les Angloys res
pondirent qu’ilz s’en conseilleroient vou
lentiers. Ilz s’en conseillerent et parle
rent ensemble et la ot plusieurs parol
les retournees. Car ceulx de Gand diso
yent que nullement on n’eust trop
grant fiance aux parolles du conte.
Car il les honniroit s’il pouoit syques
tout consideré on respondi a l’evesque
qu’il s’en pouoit bien raler quant il lui
plairoit et que de ces requestes on ne
feroit nulles et que du siege ou ilz es
toyent, ilz ne se partiroyent sy aroient
la ville d’Yppre en leur commandement.
Quant l’evesque du Liege vit qu’il n’es
ploitteroit autrement sy prinst con
gié et s’en retourna a Lisle et fist sa res
ponce au conte. Et quant le conte vit
qu’il n’en aroit autre chose si fut plus
pensis que devant, et apparceut bien
adoncques tout clerement que se la
puissance du roy de France ne levoit le
siege, il perdroit la bonne ville d’Yppre. Si
escripsi tantost toutes ces responces
et ces parolles en lettres et les envoya
par un sien chevalier a son filz et a sa fille de
Bourgoingne, qui se tenoient a Compien
gne
, et l’evesque du Liege se party du
conte et s’en retourna par Douay et par
Vallenciennes arrieres en son paÿs.

SHF 2-379 sync Le duc de Bourgoingne se tint pour
tout infourmé que les choses
yroyent et se porteroyent mal en
Flandres se le roy de France et sa pu
yssance n’y pourveoit de remedde.
Sy fist tant que un grant parle
ment fut assignéz a estre a Compien
gne
de tous les haulx princes du
royaulme de France. A ce parlement
vindrent tous ceulx qui mandéz
y furent, et personnellement le
duc de Bretaigne y fut et plusieurs
haulx barons de son paÿs. La fut par
lementé et conseillé que le roy de
France par l’accord de ses oncles, les
ducs de Berry, de Bourgoingne et de
Bourbon, venroit en Flandres aussi
estoffeement ou plus que quant il
fut a Rosebecque, et leveroit le siege
de devant Yppre et combatroit les An
gloys
et les Flamens, s’ilz l’attendoient.
Toutes ces choses confermees et
accordees, le roy de France fist un man
dement par tout son royaulme que
chascun pourveu ainsi comme a luy ap
partenoit le XVe jour d’aoust feust
a Arras ou la environ. Et escripsy le
roy aux longtaings telz que le conte
d’Armignach, au conte de Savoye et
au duc Fedric de Baviere. Ce duc es
toit de la Haulte Allemaigne et filz
de l’un de ses freres le duc Aubert de
Grandemont
il se desiroit a armer
pour les Françoys et de venir en Fran
ce
et de veoir l’estat de France. Car il
amoit toute honneur, et on lui avoit
dit, si s’en tenoit pour tout infourméz,
que toutes les honneurs du monde
estoient et sont en France, et pour ce
que ce duc Fredrit estoit de moult long
taing paÿs, il en fut signiffiéz prepb 151 r