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la ville IIIIC maisons. Sy convint les sei
gneurs prendre leurs logeys aux villai
ges environ a Doustremelin, a l’Uneffe
ry, a Cassel, a Dombare, a Dalquest et ens
es autres villaiges, et ne les laissoit on
entréz en nulz des fors. Ces nouvelles
s’espandirent parmy Escoce qu’il y avoit
grant foyson de gens d’armes venuz en
leur paÿs. Sy commancierent a mur
murer les aucuns et a dire: "Quel dyable
les a mandéz ? Ne savons nous pas bien
faire nostre guerre sans eulx aux Angloys?
Nous ne ferons ja bonne besoingne
tant comme ilz soyent avecques nous.
On leur dient que ilz s’en revoisent
et que nous sommes gens asséz en Es
coce
pour parmaintenir nostre guerre
et que point nous ne voulons leur
compaignie. Ilz ne nous entendent
point, ne nous eulx, nous ne savons
parler ensemble. Ilz auront tantost
rifflé et mengié tout ce qui est en ce
paÿs, ilz nous feront plus de contray
res, de despit et de dommaiges se nous les
laissons convenir que les Angloys
ne feroient s’ilz estoient embatuz en
tre nous sans ardoir. Et se les Angloys
ardent noz maysons, et que pue il
challoir ? Nous en aurons tantost
reffait des autres a bon marchié, nous
n’y mettons au reffaire que trois jours,
mais que nous ayons trois ou IIII
estaches et de la ramee pour le lier."
SHF 2-441 sync Comment les Françoys trouverent
sauvaige paÿs en Escoce et se tenoient
mal comptens de l’admiral et comment
il les rapaisoit de doulces parolles et
comment Françoys Acremen et ses
compaignons faillirent a prendre Ar
dembourch
.
Ainsi disoient le Escocs
en Escoce a la venue des seigneurs

de France et n’en faisoient nul compte
et les hayoient en couraige et les dif
famoyent en langaige ce qu’ilz pouo
ient, ainsi comme rudes gens et sans
honneur certes qu’ilz sont. Et vous
dy a tout considerer que ce fut a tant
de sy nobles gens qu’il y ot en celle
sayson de France en Escoce une ar
mee sans rayson et mieulx y vaul
droyent XX ou XXX chevaliers de Fran
ce que si grant route de VC ne mille.
Rayson pourquoy ? Ilz ne virent onc
ques en Escoce nulz hommes de bien
et sont ainsi comme gens sauvai
ges qui ne s’y scevent avoir ne de
nulluy accointtier, et sont trop gran
dement envieulx du bien d’autrui
et si se doubtent de leurs biens a per
dre, car ilz ont un povre paÿs. Et
quant les Angloys y chevauchent
il convient que leurs pourvean
ces, s’ilz veullent vivre, les suivent
tousjours au dos, car on ne treuve
riens sur le paÿs. A grant peine y treu
ve l’en du fer pour ferrer les cheva
ulx ne de cuir pour faire harnois,
selles ne brides. Les choses toutes
faittes leur viennent par mer de
Flandres, et quant cela leur deffault
ilz n’ont nulle chose. Quant ces
barons de France qui avoient ces
beaulx hostelz a trouver, ces salles
parees et ces chasteaulx et ces bons
mols liz pour reposer se virent en
en
celle povreté, si commancierent
a rire et a dire: "En quel paÿs nous
a cy admenéz l’admiral ? Nous ne sce
usmes oncques que ce feust de po
vreté ne de durté fors maintenant.
Nous trouvons bien les prommes
ses que noz seigneurs de peres pb 176 bis r