The Online Froissart

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ges. Car bons hostages en estoient en la
ville de Gand, pourquoy les obligacions
ne se pouoient desrompre. ¶ De la
mort Jehan Lyon fut le conte de Flan
dres moult grandement resjouys,
aussi furent Ghisebrest Mahieux et
ses freres, et li doyens des menuz me
stiers de Gand et tous ceulx de la par
tie du conte. Si fist le conte de Flan
dres plus fort que devant pourveoir
ses villes et chasteaulx. Et envoya
en la ville de Yppre grant foison de
bons chevaliers et escuiers de la chastelle
rie de Lisle et de Douay et dist que il
aroit temprement sa raison de ceulz
de Gand. Tantost aprés la mort de
Jehan Lyon, ceulz de Gand regarde
rent que ilz ne pouoient longuement
estre sans cappitaines. Sy en ordonne
rent ly doien des mestiers et les cin
quanteniers des portes quatre, a leur
advis les plus oultragieux, hardiz
et entrepenans de tous les autres:
tout premierement Jehan Prenniau,
Jehan Foulerasse de Harselle et Pietre
du Boys. Et jurerent toutes manieres
de autres gens a ces cappitainns sans
nulle excepcion et sur la teste, et les
cappitaines jurerent a garder l’onneur
et les franchises de la ville⁶⁰.Ces qua
tre cappitaines esmeurent ceulz de
Gand a aler a Yppre et ou Franc de
Bruges pour avoir l’obeyssance de
eulz ou tout occire. Si se departirent
de Gand les cappitaines et leurs gens
et estoient en grant arroy. Et bien
estoient douze mille tous armés au
cler. Si cheminerent tant que ilz
vindrent a Courtray. ¶ Ceulz de
Courtray les laissierent en leur ville
sans dongier, car elle siet en la cha

stelleriie de Gand, et se tindrent la tout
ayse et s’y refreschirent et y furent deux
jours, au tiers jour ilz s’en partirent et
s’en allerent vers Yppre et emmenerent
avecques eulx XIIC hommes tous ar
méz au cler, parmy les arbalestriers
de Courtray, et pristrent le chemin de Tou
rout. ¶ Quant ilz furent venuz a
Tourout, la s’arresterent et orent conseil
les cappitaines de Gand que ilz envoye
roient trois ou quatre mille de leurs
gens devant et le cappitaine des Blancs
Chapperons pour traittier a ceulz de
Yppre, et la grosse bataille les suivoit
par derriere pour eulx conforter, se
mestier faisoit. Ainsi que il fut ordonné,
il fut fait et s’en vindrent ceulz a Yppre.
¶ Quant le commun de Yppre et cel
lui des menuz mestiers sceurent la
venue de ceulx de Gand, sy s’armerent
et se ordonnerent tous sus le marchié
et estoient la bien cinq mille. La n’a
voient les riches hommes et les no
tables de la ville nulle puissance. Ly
chevalier, qui estoyent en garnison depar
le conte en la ville de Yppre, s’en vindrent
moult ordonneement a la Porte de Tou
rout la ou les Gantoys estoient arre
sté devant les bailles et requeroient
que on les laissast ens. Ces chevaliers et
leurs gens estoient tous rengiéz de
vant la porte, et monstroient bonne
deffense, ne jamaiz les Gantoys n’y feus
sent entréz sans assault et sans trop
grant dommaige, maiz ly menu me
stier de la ville voulsissent ou non vou
loient qu’ilz y entrassent. Les gros se par
tirent du marchié et s’en vindrent de
vers la porte que les chevaliers gardoient
et distrent: "Ouvréz, ouvréz a nos bons
amis et voisins de Gand, nous voulons pb 20 v

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