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que elle clamoit a la couronne de Portin
gal
, du droit aussi du roy Jehan de Por
tingal
, le quel les communaultéz avoient
couronné a roy, une foiz entre les autres
il avoit donné a disner au grant mais
tre de Saint Jaque
, et a Laurencien Fou
gasse de Portingal
en sa chambre tout
quoiement, dont aprés disner il fist
tout homme partir et appella les des
susdiz moult amoureusement, et les
mist en parole des besoignes de Portingal.
Et pour tant que Laurencien Fougasse
savoit parler tresbeau françois et a trait,
et bien li seoit et appartenoit, le duc a
dreça sa parole a lui et lui dist: "Laurencien,
je vous pri que vous me comptiéz tout,
de point en point et de membre en mem
bre, la condicion et maniere de vostre terre
de Portingal
, et quelles choses y sont
advenues depuis que mon frere s’en
parti352, car le roy de Portingal m’a es
cript qu’il n’y a homme en Portingal qui
si justement m’en puisse enfourmer com
me vous feréz, et je vous di que vous
me feréz grant plaisance." "Monseigneur,"
respondi l’escuier, "a vostre plaisir." SHF 3-79 sync Lors com
mença Laurencien a parler, et dist en
tele maniere:
"Advenu est en Portingal depuis
le departement de vostre frere le
conte de Cantebruge
que le royaume
a esté en grant trouble et discension, et
en grant aventure d’estre tout perdu,
mais Dieu merci, les besoignes y sont
a present en bon point et en ferme con
venant, et on ne se doit pas esmerveil
lier se empeeschement y ot, car se Dieu
n’y eust ouvré par sa grace, les choses
s’i feussent mal portees, et tout par
le pechié et coulpe du roy Ferrant derre
nierement mort;353 c’est la voix et le re
nommee de la plus saine partie du paÿs,

car le roy Ferrant en sa vie ama
ardamment de forte amour une da
me, femme d’un sien chevalier le quel
on clamoit messire Jehan Lorens de
Cogne
. Celle dame, pour sa beauté
le roy de Portingal la voult avoir
de force, car la dame s’en defendi
tant comme elle pot, mais en la fin
il l’ot, et lui dist: "Dame, je vous feray
royne de Portingal, je vous aime. Ce
n’est pas pour vous amenrir mais
exaulcier, et vous espouseray." La
dame, a genoulz et en plorant, lui dist:
"Haa! Monseigneur, sauve soit vostre
grace, je ne puis avoir honneur a
estre royne de Portingal, car vous
savéz — et aussi scet tout le monde — que
je ay seigneur et mari, et l’a ja V
ans esté." "Alienor," dist le roy, "ne vous
escuséz point, car je n’aray jamaiz
autre femme a espouse, si vous aray
eue, mais tant y a que je vous feray
quitter de vostre mari avant que je
vous espouse." La dame n’en pot autre
chose avoir, et compta tout le fait a
son mari. Quant le chevalier entendi
ce, si fu tout pensif et merencolieux,
et regarda que bon en estoit a faire,
et dist en soy meismes que ja il il ne
quitteroit sa femme. Toutevoies il
doubta le roy et se parti du royaume
de Portingal
et s’en ala en Castille de
vers le roy Henri qui le reçut et le
retinst de son hostel tant comme il
vesqui, et aussi fist le roy Jehan de
Castille qui est a present
. Le roy de
Portingal
, pour accomplir sa folle
plaisance, envoya querre la dame et
le chevalier, mais on ne trouva pas
le chevalier, car il s’estoit partis. Adonc
manda le roy l’evesque de Connimbres,
le quel estoit chancelier pour le temps pb 263 r