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pb 281 v

ceulx de Saint Jaques diroyent. Le herault
vint aux barrieres et trouva le cappi
taine et la garde de la ville qui s’appelloit
Alphons de Serie
. Il luy: "Cappitaine, cy
un petit ensus est le mareschal de l’ost
monseigneur le duc de Lancastre
qui
m’envoye ycy, et parleroit voulentiers
a vous." Dist le cappitaine: "Il me plaist
bien. Faittes le venir avant, nous parle
rons a luy." Le herault retourna et dist
au mareschal ces nouvelles. Le mares
chal
se departy atout XX lances tant
seullement de la route, et s’en vint devant
la ville de Compostelle et trouva aux bar
rieres le cappitaine et aucuns hommes
de la ville
qui la s’arrestoyent. Le mares
chal
mist pié a terre et, luy IIIe tant seulle
ment, s’i furent le sire de Basset et messire
Guillaume de Ferinçon
465, sy dist: "Cappi
taine
et vous gens, monseigneur de Lan
castre
et madame de Lancastre vostre dame
qui fut fille du roy dam Pietre vostre sei
gneur
, m’envoyent ycy parler a vous
pour savoir que vous vouldrés dire et
faire, se bellement vous les recueldrés
ainsi que bonnes gens doivent recueillir
leur seigneur et dame, ou se vous les fe
rés assaillir et prendre de force. Sachiéz
que se vous estes prins de force, que vous
serés la dedens tous mis a l’espee, par quoy
les autres y prendront exemple." : "Nous
ne voulons ouvrer fors que par rayson
et nous verrons voulentiers et loyaul
ment acquittier envers eulx a qui nous
sommes tenuz. Bien savons que mada
me de Lancastre, madame Constance
,
fut fille au roy dam Pietre de Castille
et que se le roy dam Pietre feust demou
réz ou paÿs payseblement, elle estoit
droitte heritiere de Castille. Or sont de
puis les choses autrement remuees, car

tout le royaulme de Castille demoura
quittement et paisiblement au roy
Henry son frere
, par la bataille qui fu
a Mancuel
, et jura trestout en ce paÿs
a tenir le roy Henry a roy, et yl fut
tenu tant comme il vesqui, et aussi
jurasmes nous a tenir au roy le roy
Jehan son filz
qui est a present. Sy nous
dirés quelle couste ceulx de La Calloin
gne
ont dit ne fait envers vous. Car
il ne puet estre que ce moys que vous
avéz la sejourné et logié devant la
ville, que vous n’ayés eu aucuns tray
tiéz a eulx." Respondi messire Thomas
Moriaulx
: "Vous dittes voir, nous les
y avons voirement eulx. Autrement
nous ne nous en feussions pas pas
séz ainsi, quoyque la ville de La Caloin
gne
soit plus forte deux foiz que ceste
ville. Je vous diray quelle couste ne quel
chose ilz ont fait envers nous. Les hom
mes de la ville
tout quoyement ce sont
composéz a nous et ont dit ainsi que
ilz feront voulentiers tout ce que vous
feréz, mais se vous vous faittes assail
lir ne destruire, ilz ne le feront pas.
Se le paÿs de Gallice se rent a monsei
gneur
et a madame, ilz se rendent
aussi. Et de ce avons nous bons plei
ges pardevers nous qui bien nous
souffisent.""C’est bien," respondy le cap
pitaine
, "nous voulons bien aussi te
nir ce traittié. Il y a encores ens ou
royaulme de Gallice grant foyson de
citéz et de bonnes villes; sy chevauchiéz
oultre et nous layssiéz en paix, et
nous ferons si comme ilz feront. Et de
ce nous vous baillerons pleiges et bons
ostaiges." "Nennil," respondy le mares
chal
, "ces traittiéz que vous mettéz avant
ne souffisent pas a monseigneur le pb 282 r