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a lui. La fut le conseil advisié comment on yroit
audevant de ceste horribleté qui apparoit en An
gleterre
. La dist le conte de Sallery, qui estoit
un moult bouillans homs et de grant prudence,
present le roy et ses oncles: "Sire roys, vous ne
vous devéz pas esmerveiller se voz adver
saires de France nous veullent venir courir
sus. Car depuis la mort du noble et puissant
roy nostre seigneur qui fut, le roy Edouart de
bonne memoire
, ce royaulme cy a esté en
tresgrant adventure de estre tous perduz
et exilliéz de luy meismes par le fait des
villains, et encores scet on bien en France
que nous ne sommes pas tout un, mais en
peril et en different, et pour ce nous appert
ce tourble qui n’est pas petit. Car cilz est folz
qui ne craint son annemy476, et de tant que le royaulme
d’Angleterre
a esté en unité, le roy avecques
son puepple et le puepple avecques le roy,
nous avons reigné en vittoyre et en puis
sance, ne nous n’avons nulluy trouvé qui
nous ait fait tort. Sy fault et sy nous besoi
gne. Car nous en veons l’apparant, oncques si
grant n’apparut sus Angleterre, que nous
nous refformons en unité, se nous voulons
vivre en honneur, et que nous nous regardons
et ordonnons tellement aux pors et havres
d’Angleterre qu’ilz soyent si pourveuz et
sy gardéz que par la deffence de nous le
paÿs ne reçoive point de blasme ne de dom
maige. Ce royaulme cy a esté un grant temps
en fleur, et vous sçavéz une chose: qui est en
fleur, elle a mestier que elle soit pres gar
dee que quant elle est contournee en fruit477.
Nous devons veoir et considerer que se paix
est en fleur, car depuis LX ans, chevaliers et es
cuiers qui en sont yssus ont eu plus d’onneur
en tous faiz d’armes que nulz autres, de quelz
conques nacion qu’il feust. Or mettons
et rendons peine que, tant que nous vivrons, ceste
honneur soit gardee." "Ce sera bon", respondirent

les seigneurs qui la estoient. Comment
le roy d’Angleterre mist grans gardes
a tous les pors d’Angleterre pour resis
ter contre la puissance du roy de France,
et du conseil que les Angloy orent de faire.
Moult voulentiers fut ouy en par
lement le conte de Salebery, et fu
rent ces parolles acceptees comme pour saige
et vaillant homme de tout ce qui fut dit
par luy et devisé par eulx. Ne me vueil je
pas trop ensoingnier, car je ne pens
se pas tout a savoir, mais je sçay bien
que, la ville de Calais gardee ainsi comme
cy dessus est dit, on ordonna a garder tous
les pors d’Angleterre la ou on supposoit que
Françoys pourroyent arriver et pren
dre terre. Le conte de Salebery, pour tant
que sa terre et son paÿs marchissoit a
l’isle de Wisque, et celle est a l’encontre
de Nortmandie et du paÿs Caux, fu la
ordonné a estre avecques les hommes et
les archiers du paÿs et de la contree. Le
conte de Deusiere fut ordonnéz a estre
a Hantonne a IIC hommes d’armes et VIC
archiers pour garder le havre, le conte
de Northombrelande
au port de Rie a IIC hommes
d’armes et VIC archiers, le conte de Can
tebruge
a Dovres a VC hommes d’armes et
XIIC archiers, son frere le conte de Bouqui
ghem a Zandvich a VIC hommes d’armes
et XIIC archiers, les contes de Staffort et de
Pennebruch
au port de Orvelle a VC hommes
d’armes et XIIC archiers, messire Henry
de Persy
a Gernemude a IIIC hommes d’ar
mes et VIC archiers. Et fut messire Symon
Burlé
cappittaine du chastel de Douvres. Tous
les pors et hauvres mouvans en en la
riviere de Hombre descendans jusques a
Cornouaille furent tous pourveuz et re
freschiz de gens d’armes et d’archiers, et
estoient ordonné sus les montaignes pb 289 r