Online Froissart
Facsimile mode    Settings    Browse  |  Collate      
pb 299 v

ilz avoient; c’estoit asséz. Et remistrent a
point les bleciéz, et fut ce jour Teris de Som
main
a la barriere traiz d’un vireton tout
parmy le bras par telle maniere que il
couvint le vireton passer oultre, et fut
depuis plus d’un mois que du bras il ne
se pouoit aydier, et le portoit en escharpe
en une touaille. SHF 3-115 sync Comment le duc de Lan
castre
et la duchesce se tenoyent a Saint Jaques
en Gallice
, qui oyoient souvent nouvelles
du mareschal de l’ost coment tout le paÿs
se rendoit a luy, et aussi du roy de Portingal,
et le roy de Portingal du duc de Lancastre.
Endementres que le mareschal de l’ost
au duc de Lancastre
chevauchoit le
paÿs de Gallice ainsi comme vous pouéz
ouyr compter et que il faisoit le paÿs tour
ner en leur obeyssance devers le duc et
la duchesce, et se tenoient le duc, la duches
ce
et leurs enffans en la ville de Compostel
le que on dit de Saint Jaques en Gallice

devers le duc et la duchesce et ouoyent
souvent nouvelles du roy de Portingal et
le roy d’eulx, car ilz envoioient toutes
les sepmaines et escripsoient l’un a l’au
tre de leur estat et de leurs besoingnes498.
D’autre part aussi le roy Jehan de Castil
le
se tenoit pour ces jours ou Val d’Olif, et
estoient ses chevaliers de France deléz luy, aux
quelz moult souvent il parloit de ses be
soingnes et s’en conseilloit, car tout ce que
les Angloys faisoient, et comment ilz se
maintenoient, il sçavoit bien. Tous les jours
en oioit les nouvelles, et lors disoit: "Beaulx
seigneurs, je m’esmerveille de ce que il ne
me vient plus grant confort de France pour
remedier a mes besoingnes. Car mon paÿs
se pert et perdra, qui n’yra audevant. Les
Anglois tiennent les champs, et sy sçay de
verité que le duc de Lancastre et le roy de Por
tingal
ont esté ensemble, et doit mon adver
saire de Portingal
avoir a femme par ma

riaige l’une des filles du duc, car il luy
prommis, et si tres tost que il l’aura es
pousee vous verrés ces deux puissances
conjoindre ensemble et entrer en mon
paÿs
. Si me donront trop a faire." Si
respondirent les chevaliers de France pour le
roy appaisier et conforter: "Ne vous
sousciéz de riens. Ses Angloys gain
gnent a un léz, ilz perdront de l’autre.
Nous sçavons de verité que le roy de Fran
ce
a plus de cent mille hommes tous
arméz. Est ores entréz en Angleterre
et destruit et conquiert tout le paÿs. Et
quant ce sera accomply et que il ara
contourné tellement contre Angleterre
et toute mise en subgeccion, que jamaiz
ne se relievera. Lors le dit roy de France
et sa puissance entreront en leur na
vie qui est si grande et si grosse, et ven
rons arriver a La Caloingne sus les
temps d’esté, et reconquerront plus en
un moys que vous n’avéz perdu en
un an, et sera enclos le duc de Lancastre
en telle maniere que vous l’enverréz fou
ir en Portingal. Ainsi auréz vous venge
ance de voz annemys. Et soyéz certain
que se les besoingnes de France ne feus
sent pour le present si grandes, et le
voyaige d’Angleterre aussi, vous eussiéz
ores trois ou quatre mille lances des
Françoys. Car le roy, ses oncles et leurs
consaulx ont tresgrande affeccion en
vous aydier et de mettre vostre guerre a
chief, comment qu’il en preigne. Si
ne vous chaille se les Anglois tien
nent maintenant les champs et se ilz
emprumptent un petit de paÿs a vous.
Sachiéz, c’est a grant dur pour eulx, quar
avant qu’il soit la Saint Jehan Baptiste,
ilz remettront arrieres499." De telles parol
les et de semblables disoient lors ou Val
d’Olif
les chevaliers de France au roy de Castille pb 300 r