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Besançon 865
Codicological description
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pb 304 v

en cuer d’iver, mais en plain esté. Et man
déz tous les maronniers qui cy sont, et
les mettéz ensemble. Ilz vous diront que
ma parolle est bonne et que pour puis
sance que on ait ou temps de maintenant,
prenons que nous singlons par mer,
quoyque nous ayons bien mille et VC
vaisseaulx, ilz ne s’en trouveront ja en
semble trois cens voilles de une veue.
Or regardéz doncques le dommaige et
le peril ou on nous veulst bouter. Je ne
dy pas que je le vous die que je en vueil
le estre deporté, mais je le dis pour cause
de conseil, et pour ce que grant partie
du royaulme de France s’encline a moy.
Je vueil bien, beau frere de Bourgoingne,
que vous et moy y alons, mais je ne
vueil pas, ne ja ne conseilleray, que le
roy y voyse. Car se aucun mal luy en pre
noit, on diroit que nous luy aurions fait
faire." "En nom Dieu," respondi le roy
de France qui estoit a ces parolles ouir,
"se nul y va, je yra!" Donc commencierent
les seigneurs a rire et a dire: "Le roy est de
grant voulenté!" La fut pris conseil que
on mettroit ce voyaige en souffrance
jusques a l’avril ou au may. Et les pour
veances qui se pourroyent garder, beuf
cuit, chars sallees et vins, on les garde
roit, et feroit on certaine ordonnance
que les seigneurs et leurs gens retour
neroient au mors. Tout ce fut tantost
sceu. Ainsi se desrompy le voyaige de mer
en celle sayson qui cousta au royaulme
de France cent mille frans XXX foiz.
Quy veist seigneurs courrouciéz, es
peciaulment ceulx des longtaines
marches et parties qui avoient travail
lié leur corps et despendu leur argent
en l’esperance que d’avoir une bonne say
son, ilz peurent avoir grant merveille,
telz comme le conte de Savoye, le conte

d’Armignach, le daulphin d’Auvergne
et cent gros barons qui se departoient
moult enviz, sans avoir veü Angle
terre. Aussi faisoit le roy de France,
mais il ne le pouoit admender. Lors
se departirent toutes manieres de gens
d’armes et se mistrent au chemin, uns
liéz et les autres courouciéz, les officiers
demouréz derrieres pour faire le prouf
fit de leurs maistres et pour reven
dre leurs pourveances, mais on ne
sçavoit a qui, car ce qui avoit large
ment cousté cent frans, on l’avoit pour
dix et pour mains. Le conte daulphin
d’Auvergne me dist que par sa foy il
avoit la des pourveances pour XM
frans pour luy, mais il n’en ot pas
mille de retour. Encores laissierent
ses gens tout perdre, aussi firent les
autres, ne riens ne vint a parfeccion.
SHF 3A-121 sync Quant les nouvelles furent sce
ues, les aucuns en firent grant feste
en Angleterre qui doubtoyent la venue
des Françoys, et les autres courrouciéz
qui y cuidoient avoir grant prouf
fit. Or se fist une feste a Londres tres
grande et tresgrosse, et recueillirent la
toutes manieres de seigneurs qui avo
ient gardé les pors et havres et passai
ges sus la mer, et tint le roy sa feste tres
sollempnelle a Wesmoustier le jour
de Noel que on dit en Angleterre le
jour de la Kalandre, et furent la trois
ducs, tout premierement le conte de
Cantebruge, nous l’appellerons doresen
avant le duc d’Iorth, et le conte de Bou
quighem son frere le duc de Clocestre,
et le tiers le conte d’Asquesufforth, le duc
d’Irlande. Si se continua ceste feste et
en grant bien et en grant revel, et estoient
les gens parmy Angleterre, ce leur es
toit advis, eschappéz de grant peril, et disoient les plusieurspb 305 r