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pb 315 v

"Vous avéz rayson, car ainsi le avéz vous juré
et promis." "Or avant," dist le roy de Portingal,
"Qui envoyerons nous devers le duc pour
ramener la dame?" Lors fut nommé l’arce
vesque de Braghes et messire Jehan Radi
ghes de Sar. Si leur fut dit, car on les man
da, pour l’eure que ilz furent esleuz ilz n’esto
ient pas deléz le roy. Ilz entreprindrent a faire
le voyaige lieement. Si furent ordonnéz deux
cens lances pour aler et retourner avecques.
SHF 3-135 sync ¶ Or parlerons du siege que messire Tho
mas Moureau, mareschal de l’ost, tenoit de
vant Ribedane, et compterons comment
il en advint.
Je croy bien que ceulx de Ribedaine cui
dierent bien estre confortéz du roy Jehan
de Castille et des chevaliers de France lesquelz ens
ou Val d’Olif se tenoient, autrement ilz ne
se feussent point tant tenuz. Mais je ne
sçay comment villains qui n’avoient con
seil que d’eulx se peurent tant tenir con
tre fleur et archiers de gens d’armes pour
assaillir une ville, et comment ilz ne s’esba
hissoient point, car tous les jours ilz avoient
sans faulte l’assault. Et fut dit a messire
Thomas Morel en maniere de conseil des
plus vaillans chevaliers de sa route: "Sire, lais
sons ceste ville ycy que le mauvais feu
l’arde, et alons ou paÿs devant Mauréz
ou Noye ou Besantes! Tousjours retourne
rons nous moult bien ycy." "Par ma foy,"
respondy messire Thomas, "Ja ne nous aven
ra que villains nous desconfisent, et y
deussions estre deux moys se le duc ne
me remande." Ainsi estoit entré le mares
chal en l’oppinion tenir le siege devant
Ribedane. Le roy Jehan de Castille, qui se te
noit ou Val d’Olif et qui avoit mandé es
peciaulment secours en France, il sçavoit
bien et ouoit dire tous les jours comment
ceulx de Ribedane se tenoient vaillamment

et ne se vouloient rendre. ¶ "En nom
Dieu," dist le Barron des Barres, "je suy
durement courroucié que je n’y avoie
mys des Françoys qui eussent moult
reconforté les gens de la ville. Et enco
res me desplaist grandement que je
ne yssui; a tout le mains eussé je eu
l’onneur que les villains ont. Et se
on m’eust dit veritablement: "Cest une
telle ville et de telle force et de telle
garde", sans faulte je l’eusse fait ra
freschir et pourveoir, et m’y feusse
bouté a l’aventure. Aussi bien m’eust
Dieu donné grace de la garde et deffen
dre que les villains l’ont." Ainsi se de
visoient en la presence du roy a la
foiz les chevaliers de France qui desiroient
les armes. Et fut la dit au roy: "Ce se
roit bon que vous envoyeyssiéz jusques
a cent lances en la ville et ou chastel de
Noie et le chastel de La Caloingne, ilz
auroient les deux au léz de la terre de
Gallice qui ne tient Noye et de La Caloin
gne." "Et qui y nous pourrons nous envoier?"
La se presenterent plusieurs chevaliers, mes
sire Tristans de Roye, messire Regnault
son frere, messire Robert de Braquemont,
messire Tristans de la Gaille, messire
Jehan de Chastel Morant, messire le
Baron des Barres, et le roy les ouyt par
ler et eulx presenter. Si leur en sçavoit
bon gre. "Beaulx seigneurs," dist le roy,
"Grant mercy de vostre bonne voulenté.
Vous n’y pouéz pas tous aler. Il fault
que il en demeure deléz moy pour les
adventures qui pueent advenir, mais
pour le present je prie le Baron des Bar
res que il en preigne la charge, comme
il lui plaist." Le Baron fut trop resjouy
de ce mouvement, car il avoit trop se
journé, et dist: "Sire roy, grant mercy, pb 316 r

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