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soriers parmy le royaulme d’Angleterre
que ilz venissent pourveuz de leurs comp
tes sus la peine a estre deshonnouréz
du corps et d’avoir. SHF 3-186 sync Comment le jour de comp
ter fut venu en la presence des oncles du roy
et des communes d’Angleterre et comment messire Simon Bur
fut prisonnier a Londres et comment mes
sire Thomas Trivet
mourut.
Or vint le jour de compter a Wesmous
tier
en la presence des oncles du
roy
et des desputéz, prelas, contes, barons
et bourgoys des bonnes villes. Ce compte
dura plus d’un moys. Sy en y ot de ceulx
qui ne rendoyent pas bon compte ne hon
nourable; ilz estoient pugniz ou du corps
ou de la chevance, et telz y avoit du tout.
Messire Symon Burlé fut trouvé en ar
reraiges pour tant que de la jeunesce
du roy il l’avoit aydié a gouverner, a
deux cens et cinquante mille frans.
Bien luy fut demandé ou tout ce estoit
contourné. Il s’excusoit par l’evesque d’Y
orth messire Guillaume de Neufville, frere
au seigneur de Neufville, et disoit que il
n’avoit riens fait fors par luy et par son
conseil et par les chambellans du roy
messire Robert Trimilien, messire Guillaume
de Beauchamp, messire Jehan Sallebery,
messire Nicholas Brambre, messire Pierre
Gouloffre
et autres. Et ceulx, quant ilz
estoient mandéz devant le conseil se res
cusoyent et gettoient tout sur luy. Et lui
dist le duc d’Irlande: "J’ay entendu que vous
seréz arresté et mis en prison tant que
vous auréz rendue la somme que on vous
demande. Ne debatéz riens, aléz la ou
on vous envoye. Je feray bien vostre paix,
et l’eussent tous juré. Je doy recepvoir
du connestable de France pour la reançon
Jehan de Bretaigne, si comme vous sçavéz
que il me doit. Au fort je les vous preste

ray pour appaisier le conseil de present.
Et en la fin le roy est souverain, il vous
pardonnera et quittera tout, car le
prouffit luy doit retourner et non a
autruy." Respondy messire Symon Bur
: "Se je ne cuidoie que vous me deussiéz
grandement aydier envers le roy et
aussi aporter oultre mon fait, je me
departiroye hors d’Angleterre et m’en
yroie en Allemaigne deléz le roy de
Bouesme. Je seroie le bienvenu, et lais
seroie les choses courir un temps
tant que elles seroient rapaisiees."
Lors dist le duc d’Irlande: "Je ne vous
fauldroie pour riens. Ja sommes nous
compaignons et tout d’un fait en
semble. Prennés terme de payer. Je sçay
bien que vous finerés quant vous vouldrés
en deniers appareilléz de cent mille
frans. Vous n’avéz garde de mort. Il
nous fault apaisier ces malois Lon
driens
et abatre ce tant d’esclandre
qui maintenant s’eslieve contre nous
et contre les nostres."
Sur ces parolles du duc d’Irlande
se confia un petit trop messire
Symon Burlé
, et vindrent devant les sei
gneurs d’Angleterre, ducs, prelas,
barons et conseil des bonnes villes. Quant
il fut appellé, la luy fut remonstré et
dit: "Messire Symon, vous avéz esté tous
jours un chevalier moult nottable ens ou
royaulme d’Angleterre, et grandement
vous ama monseigneur le prince
et avéz eu en partie, le duc d’Irlande
et vous, le gouvernement du roy.
Nous avons regardé sus voz besoing
nes et les avons examinees et visitees.
Elles ne sont, ce vous disons nous, ne
bonnes ne belles; dont il nous desplaist
grandement pour l’amour de vous. pb 354 r