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ou a Rion que ja il ne sera mis oultre jus
ques a tant que nous serons fort et certiffiéz
de toutes ses gens." "C’est bien nostre entente", res
pondirent les ducs de Berry et de Bourgoin
gne
, "nous voulons bien que l’argent soit
levéz et assembléz et mis en certain lieu
ens ou paÿs; a tous le moins en seront ilz
guerroyéz se ilz ne veullent venir a aima
bles traittiéz. Syques le conte d’Armign
ach, vous l’evesque de Cleremont et l’eves
que du Puy, vous retourné pardedela, en
tendéz y pour nostre honneur et le plus grant
prouffit du paÿs." "Voulentiers", ce respon
di le conte daulphin. Sus cest estat
se departy de la cité de Rouen du roy et de
ses oncles le conte daulphin d’Auvergne,
et retourna arrieres en Auvergne et trou
va le conte d’Armignach et Bernard d’Ar
mignach son frere a Cleremont en Auver
gne, et grant foyson des seigneurs du paÿs
qui attendoient sa revenue. Si leur recor
da tout ce que il avoit trouvé et exploittié
de mot a mot, et les doubtes que le roy et
son conseil y mettoyent, et comment on
vouloit bien que la taille feust levee et faitte
et l’argent assemblé et mis en certain lieu
tant que on verroit la vraye fin de ses pil
lars qui tenoient fors, chasteaulx et gar
nisons a l’enconte du royaulme. "C’est bien
nostre entente", ce respondi le conte d’Armi
gnach, "et puisque il plaist au roy et a
son conseil, nous exploitterons oultre, mais
il nous fauldroit pour toutes seurtéz pren
dre et avoir une bonne trieve a eulx, par
quoy le paÿs se peust asseurer et pour
veoir contre la taille que on fera." SHF 3-220 sync Dont
furent ambaxadeurs depar le conte d’Ar
mignach embesoingnéz pour aler seu
rement parlementer a Perrot de Bernes
et a Aymerigot Marcel. Ces deux estoient
ainsi que les souverains des fors parde

deça la Dourdonne avecques le bourc
de Copane
et Bernard des Ysles, Olimbar
be
, Apton Seghin, le seigneur de Lane
plane, et moult d’autres. Ces cappi
taines ne se pouoient concorder en
semble, car tout ce que l’un vouloit une
sepmaine, l’autre le desvouloit; et sy vous
diray et monstreray la rayson. Ilz esto
ient de divers oppinions et de divers
paÿs: les Armignagoys qui tenoient au
cunes choses du conte d’Armignach
obeyssoyent asséz legierement, mais
tous ne se pouoient pas conclurre par
eulx, car la greigneur partie et les
plus ruséz de pilleries et les plus renom
méz quant des cappitaines estoient de
Berne a la terre du conte de Foix. Je ne
diz mie que le conte de Foix ne voulsist
bien l’onneur et le prouffit du royaul
me de France
, mais quant les nouvel
les luy en vindrent premierement com
ment on traittoit sus ces routes qui
tant de fors tenoyent ens es terres
d’Auvergne, de Quersin, de Rouvergne
et de Lymosin, il voulst trop bien enten
dre et s’en voulst trop bien infourmer
pour en savoir toute la substance, et de
manda a ceulx qui l’en infourmoyent
et qui aucune chose savoient ou en cui
doyent sçavoir, quelle chose le conte d’Ar
mignach mettoit avant; et, tous ses
fors delivréz et les cappitaines et leurs
gens partis et mis hors de leurs gar
nisons, ou ilz se trairoient ne quel che
min ilz tenroient, et se il avoit enten
cion que de eulx ensoingnier. On luy
dist: "Monseigneur, ouyl. C’est l’entencion
du conte d’Armignach que il veulst re
tenir, et a ses cousts, tous ceulx qui de
ces fors se departiront, et les menra en
Lombardie, car son beau frere qui a pb 377 r