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cores tant duré comme elle durera.
Encores n’est pas mes bon maistre
Jehan Lyon qui fut, bien vengiéz. Se
la chose est entouilliee, encores la vueil
je mieulx entouilléz." Que fist il?
Je vous diray quoy. Ce propre soir, dont
a l’endemain le conseil des seigneurs de
Gand devoit estre en la halle du conseil
pour ouyr le rapport des dessus diz qui
avoyent esté au parlement a Harle
becque
, il s’en vint a l’ostel Phelippe d’Arte
velle
et le trouva qu’il musoit et pen
soit en soy appuiant sus une fenes
tre en sa chambre. La premiere parol
le qu’il luy dist, il luy demanda: "Phelippe,
sçavéz vous nulles nouvelles?" "Nennil,"
dist Phelippe, "fors tant que noz gens sont
retournéz du parlement de Harlebec
que
, et demain nous devons ouyr en
la halle ce qu’ilz ont trouvé." "C’est voir,"
dist Pietre du Boys, "mais je sçay ja ce
qu’ilz ont trouvé et comment le trait
tié se porte, car ilz s’en sont descouvers
a aucuns de mes amys. Certes, Phelippe,
tous les traittiéz que on fait ne que on
puet faire, c’est tousjours sur nous et
sur noz testes. S’il y a nulle paix entre
monseigneur et la ville, sachiéz que
vous et moy et le sire de Harselles et
tous les cappitaines dont nous ay
dons et qui maintiennent la guer
re, en mourront premierement et
les riches hommes s’en yront quit
tes, et nous veullent bouter en ce par
ty et eulx delivrer. Et ce fut l’oppinion
de Jehan Lyon, mon maistre. Tousjours
encores monseigneur le conte, ses
marmouséz deléz luy, Gisebrest Ma
hieu
et ses freres et le prevost de
Harlebecques, qui est do lignaige,
et le doyen des menuz mestiers qui

s’enfouy avecques eulx. Si nous fault
bien advisiéz sur ce." "Et quel chose est bonne
a faire?", Phelippe respondi, et distPietre: "Je le
vous diray. Il nous fault signiffier
a tous noz doyens et cappitaines qu’ilz
soyent demain tous appareilléz et eulx
venuz ou marchié des devrees. Ilz se tien
nent deléz nous. Nous enterrons en
la halle, moy et vous et cent des autres
pour ouyr ces articles et ces traittiéz.
Du seurplus laissiéz moy convenir,
mais advouéz mon fait, se vous vouléz
demourer en vie et en puissance, car
en ceste ville et entre communs, quy ne
s’y fait craindre il n’y a riens." Phelippe lui ac
corda. Pietre prinst congié et s’en ala et
envoya ses gens et ses varlés par tous
les doyens et cappitaines dessoubz lui et
leur manda que a l’andemain eulx et leurs
gens venissent tous pourveuz ou mar
chié des devrees pour ouyr les nouvelles.
Ilz obeyrent, car nulz ne l’eust osé laissier,
et aussi ilz estoient tous prestes et appareil
léz de mal faire.
SHF 2-233 sync Quant ce vint au matin a IX heures,
le mahieur, les eschevins et les ri
ches hommes de la ville vindrent ou mar
chié et entrerent en la halle et la vindrent
ceulx qui avoient esté au parlement a
Harlebecque puis vindrent Pietre du
Boys
et Phelippe d’Artevelle, bien accompaignéz
de ceulx de leur sexte. Quant ilz
furent tous assembléz et assis qui seoir
voulst, on regarda que le sire de Harsel
les n’estoit point la. On le manda, mais
il se excusa, car il n’y pouoit estre pour
la cause de ce que il estoit dehaytiéz. A
vant dist Pietre du Boys: "Veez me cy pour
luy. Nous sommes gens asséz. Oyons
ce que cesl seigneurs ont rapporté du
parlement de Harlebecque." Adonc se pb 84 v