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pb 88 v

Picardie, d’Anjou, de Berry, de Bloys et du Maine,
et passoyent par routes pour mieulx a
ler a leur ayse, et avoient passaige ou
vert parmy le royaulme d’Arragon, et
trouvoient pourveance toutes prestes
parmy leurs deniers payans, mais
sachiéz qu’ilz ne payerent pas tout ce
qu’ilz prennoient, quant ilz estoient ou
plat paÿs, dont les povres gens le com
paroient.
SHF 2-243 sync Vous savéz comment le roy Rich
chart d’Angleterre avoit eu un
an et plus traittiéz devers le roy Char
les d’Allemaigne qui pour ce temps
en tiltre s’escripsoit roy des Rommains,
pour avoir sa suer madame Anne, en ma
riaige, et comment un sien chevalier mesire
Symon Burlé en avoit moult travaillié,
et comment le duc de Tasson en Allemaig
ne en avoit esté en Angleterre pour con
fermer le mariaige. Tant avoyent es
té ces choses demenees que le roy des
Rommains envoya sa suer en Angle
terre, le duc de Tasson en sa compaignie,
et grant foyson de chevaliers et d’escuiers, de
dames et de damoyselles en estat et en
arroy comme a telle dame appartenoit,
et vindrent en Braibant en la ville de
Bruxelles. La la recueillirent le duc Win
cellant de Braibant et la duchesce Jehan
ne sa femme, et toute sa compaignye
moult grandement. Car le duc estoit
son oncle. Elle avoit esté fille de l’empe
reur Charles son frere, et se tint mada
me Anne de Behaigne a Bruxelles deléz
son oncle et sa belle ante plus d’un moys
sans partir ne bousgier ne s’osoit, je vous
diray rayson pourquoy. A elle fut signif
fié et a son conseil qu’il luy avoit XII vais
seaulx arméz ou environ plains de Nor
mans sus la mer qui vaucroyent entre

Calays et Hollandes, et pilloyent et
desroboyent sus la mer tout ce qu’ilz
pouoyent trouver et n’avoient cure
sur qui, et alloit et couroit renommee
sur les bandes de celle mer de Flandres
et de Zellandes qui se tenoyent la en
attendant la venue de la jeune dame,
et que le roy de France et son conseil
vouloyent faire ravir la dame pour
brisier ce mariaige. Car ilz se doubto
yent grandement des aliances des
Allemans et des Angloys, et disoit on
encores avant quant on parloit de ce
que ce n’estoit pas honnourable chose
de prandre ne de ravir dames en guer
re de seigneurs, en coulourant et en
faisant la guerre du roy de France plus
belle: "Comment ne veystes vous pas
que le prince de Galles, pere de ce roy
d’Angleterre qui fist ravir et consenti
le fait de madame de Bourbon, mere
a la royne de France, qui fut prinse et
emblee des gens du prince, et tout de
celle guerre dedens le chastel de Bel
leperche? Sy m’ayst Dieu, si fut et menee
en Guienne et reançonnee. Par pareil
le chose se les Françoys prenoyent pour
eulx contrevengier la femme du roy
d’Angleterre, ilz ne feroyent a nulluy
tort." Pour les doubtes et pour les ap
parances que on en veoit la dame et
toute sa route demoura un moys tout
entier a Bruxelles, et tant que le duc
de Braibant son oncle envoya en France
son conseil, le seigneur de Rosselaire et
le seigneur de Bouque pour remonstrer
ces choses au roy de France et a ses on
cles, lesquelz estoient aussy nepveux
du duc de Braibant et enffans de sa suer.
Ces chevaliers de Braybant exploittierent
tant et sy bellement parlerent au roy de Francepb 89 r

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