Online Froissart
Facsimile mode    Settings    Browse  |  Collate      
pb 148 r

ja en nous point de fraude." "C’est assés," dist le mareschal, "je ne vueil pas mieulx. Avant qu’il soit ung an, la determination en sera faite; car la couronne et l’eritaige de Castille, d’Espaigne, de Cordouan, de Gallice et de Seville demoura au plus fort. Et appert en ce paiis, dedens l’entree ou la fin d’aoust, des armes a plenté et une aussi grosse journee de bataille que il y ot point en Castille dedens cent ans." "Bien, monseigneur," respondi le preudhomme; "or en adviegne ce qui en pourra advenir, et le droit voist au droit! Nous en ce paiis de Gallice en oserons bien attendre l’aventure." A ces mots fut le saint apporté, et jurerent ceulx qui la ville de Bayonne avoient a gouverner, de estre a tousjours mais feables et loiaulx, si comme bons subgets doivent estre a leur seigneur et dame, c’est assavoir a monseigneur et a madame de Lancastre, et les tendroient et recongnoistroient a seigneur et dame comme les autres villes de Galice. Et le mareschal ou nom du duc de Lancastre les rechupt ainsi et leur jura a tenir et garder en paix et en justice. Quant toutes ces choses furent ainsi faittes et jurees d’une part et d’autre et promises a tenir,

on ouvry les portes et barrieres. Si entrerent toutes manieres de gens et s’espandirent parmy la ville et se logierent, et y furent quatre jours pour euls raffreschir et leurs chevauls, et pour attendre aussi le beau temps; car en ces quatre jours que il furent la, toudis plut, pourquoy le mareschal et ses routes ne vouloient point partir; et aussi les rivieres estoient trop grandement creues, et si sont en Espaigne et eu Gallice les rivieres trop perilleuses, qui viennent devalant en bas par pluyes et lavaces si abondamment que elles sont tantost creues et malaisiees et perilleuses a passer a gué. Pour tant vouldrent ils attendre le beau temps. Aussi en ces jours ils se adviserent ou ils chevaucheroient ou devant Besances ou devant une autre ville forte et orgueilleuse que on appelle au paiis Ribedave. SHF 3-114 sync En celle ville demeurent les plus orgueilleuses gens et les plus traittres hommes du paiis de Gallice. Au cinquiesme jour se partirent les Anglois et se deslogierent de la ville de Bayonne en la Maiole, et se misrent sur les champs et trouverent les terres rassises, les rivieres rettraites et le beau temps venu, dont ils furent tous resjouïs. Si chevauchierent (car tous estoient a cheval) devers Ribedave et menoient grans pb 148 v