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mes ennemis." Sur cest estat prinst congié le roy de Portingal au duc de Lancastre et a la duchesse, et ainsi fiet la royne Phelippe, sa femme, et autant bien la jeune fille, madame Katherine, au duc de Lancastre et a la duchesse; car il fut ordonné que, la guerre durant et la saison tout aval, la jeune fille se tendroit avec la royne sa suer au Port de Portingal (elle ne pouoit estre en meilleure garde), et la duchesse s’en retourneroit en la ville de Saint Jaques en Compostelle en Gallice. Comme entendre poués, se porterent leurs ordonnances en celle saison, et s’en aloit chascun ou il devoit aler, le roy de Portingal au Port, et la duchesse en la ville de Saint Jaques bien accompaignie de chevalliers et d’escuiers; et le duc demoura a Besances et toutes ses routes avecques luy ou la environ, et ordonnerent leurs besoingnes pour chevauchier hastivement. Ils avoient moult grant desir de partir pour tant que l’en estoit ou mois d’avril que les herbes estoient la toutes meures en Gallice et en Castille pareillement, et les blés en grain et les fleurs en fruit; car le plain paiis par especial y est tant chault que a l’entree du mois de juing l’aoust y est passé. Si se vouloient delivrer d’exploittier

et de querre les armes a toute dilligence, entandis qu’il faisoit si belle saison et tant souefve; car c’estoit ung droit plaisir que d’estre aux champs. Or parlerons nous ung petit de l’ordonnance des François et du roy de Castille, autant bien que nous avons parlé des Angloiz. SHF 3-151 sync Comment messire Guillemme de Lignach, et messire Gaultier de Passac et leurs routes passerent par la conté de Fois, jusques en Espaigne. De la conduitte du conte de Foiz. Et comment le roy d’Espaigne les rechupt. Le chapitre IIIIXX VIIe. Vous poués savoir, ainsi que cy dessus est contenu, comment messire Guillemme de Lignach et messire Gaultier de Passac firent tant par sagement traittier que le conte de Foix laissa paisiblement passer euls et leurs routes parmy le paiis de Berne que il tenoit, pour aler en Castille. Encoires donna le dit conte en droit don de sa bonne voulenté (car il n’y estoit point tenu se il ne lui plaisoit) aux chevalliers et aux escuiers qui passoient parmy la ville de Ortais et qui l’alerent veoir en son chastel et compter des nouvelles, grans dons et beaulx, a l’un ung cent de flourins, a l’autre deux cens, a l’autre trois cents, a l’autre cinquante, a l’autre plus ou moins, selon ce pb 191 r