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pb 288 v

Ces compaignons couroient a l’aventure en Auvergne, et avoient ung escuier gascoing a capitaine, qui s’appelloit Geronnet de Maudurant, appert homme d’armes durement, et

pour ce que le paiis a esté et estoit tousjours en doubte pour ces pillars, sur les frontieres de Bourbonnois se tenoit, depar le duc de Bourbon, ung sien chevallier, vaillant homme d’armes, qui s’appelloit messire Jehan Bonne Lance. Quant messire Jehan Bonne Lance, qui gracieus et amoureus estoit et qui grant courage avoit de luy avanchier, entendi que les Anglois chevauchoient, il demanda quelle somme de gentilshommes ils estoient. On luy dist qu’ils estoient environ quarante lances: "Pour quarante lances", dist le chevallier, "n’avons nous garde. J’en vueil mettre autres tant a l’encontre." Lors se departy le bon chevallier du lieu ou il estoit, car la plus grant charge de ses gens d’armes se tenoit au siege devant Mont Ventadour; et tousjours pour trouver armes (car il les desiroit forment) il frontoioit a quarante ou a cinquante lances les frontieres de Lymosin, d’Auvergne et de Bourbonnois. Il se mist a l’adresse a ce qu’il avoit de gens. La estoient avec luy messire Loÿs d’Aubiere, messire Loÿs d’Açon et le sire de Saint Aubin, et prindrent les

champs sans tenir voyes, ne sentiers (car bien congnoissoient le paiis), et s’en vindrent sur ung pas la ou il convenoit que leurs ennemis passassent et non par ailleurs pour les diverses montaignes et une riviere qui descent et vient d’icelles, qui est malement grande quant il pleut ou les nesges fondent ou hault des montaignes. Certes ils n’eurent pas la esté demy heure quant les Anglois vindrent, qui ne se donnoient garde de ce rencontre. Bonne Lance et les siens couchierent leurs glaives et s’en vindrent sur ces compaignons, qui estoient descendus ou fons d’une montaigne, et lors ils escrierent leur cry. ¶ Quant ces Anglois veirent que

combatre les convenoit, ils monstrerent bon visage et se misrent a deffense, et Geronnet, qui estoit assés appert chevallier. La ot de premiere venue fort rencontre de lances et bouteys, et renversés des ungs et des autres; mais, au parler par raison, iceulx François estoient droittes gens d’armes, et plus que n’estoient les aventureus, et bien le monstrerent, car nuls n’en retourna se ne furent aucuns varlets qui se sauverent et mucierent entandis que les autres forment se combatoient. Il en y ot ving et deux prins, et XVI mors sur la place, et fut le capitaine prins et creanté pb 289 r

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