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que ses ennemis l’en doubteroient. Si respondy et dist: "Madame et cousine, je feray tres voulentiers ce dont vous me requerés, car je y suis tenu par lignaige, et pour ce vostre fille, ma cousine, je garderay, et penseray moult bien de luy tout en telle maniere comme se ce feust ma propre fille." "Grant merchy, monseigneur", respondi la dame.

Ainsi demoura la jeune fille de Boulogne, comme je vous devise, en l’ostel du conte de Fois a Orthais, ne oncques puis ne s’en party, et sa dame de mere s’en ala en Arragon. Elle l’est bien venue veoir deux ou trois fois, mais pas ne la demande a ravoir, car le conte de Fois s’en acquitte en telle maniere comme se elle feust sa fille, et au propos que je volis dy du moien par lequel il ymagine que, se il fut oncques mal vueillant du duc de Berry, qu’il en soit bien, c’est que le duc de Berry pour le present est vefve, et a grant desir de luy marier, et me semble, a ce que j’ay oÿ dire en Avignon au pape qui m’en a parlé et qui est cousin germain du pere, le duc de Berry en fera prier, car il la veult avoir a femme et a espeuse s’il peult." SHF 3-18 sync "Sainte Marie!" dis je au chevallier, "que vos parlers me sont agreables et qu’ils m’ont fait de bien et de consolation, endementiers que

vous les m’avés dits et racomptés! Certes, sachiés qu’ils ne seront mie perdus, ainchois seront mis par escript en memoire et en ramembrance en belle histoire et cronique, et assis par ordre tout en son lieu avecques les autres besoingnes que je poursieus journellement, se Dieu me donne tant de grace que a santé je puisse retourner ou bon paiis de Haynnau, dont je suis natif. Mais je suis trop courrouchié d’une chose." "De quelle?" dist le chevallier; "je la vous diray si je la sçay." "Par ma foy, c’est que de si hault et si vaillant prince, comme est le conte de Fois, il ne demeura nul heritier de femme espousee." "Si m’ait Dieu, non," dist le chevallier; "car, s’il en eust ung vifvant comme il ot une fois, ce seroit le

plus liet et le plus recreatif seigneur du monde, et aussi seroient tous ceulx de sa terre." "Et comment", dis je, "demourra doncques sa terre sans hoir?" "Nennil," dist il, "le visconte de Chastelbon, son cousin germain, est son heritier." "Et aux armes", dis je, "est il preu et vaillant?" "Certes," dist il, "non pas, car il n’en a tache, et pour tant ne le puet le conte de Fois amer, et fera, se il peult, ses deux fils bastars, qui sont beaulx chevalliers et de bon eage, sages et preus, ses hoirs et heritiers, et a bien intention de les marier en hault lignaige, pb 29 r

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