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jamais ne rentreroit en son fort, si les aroit reconquis. Adont il recueilly grant nombre de compaignons et vint a la Charité sur Loire et pria aux capitaines, a Lamit, a Carsuelle, au bourg de Pierregort et a moy qui la estoie alé esbatre, que nous voulsissions chevauchier avecques luy; nous luy demandasmes quelle part. "Par ma foy," dist il, "nous passerons la riviere de Loirre au Port Saint Thiebault, et yrons prendre et eschieller la ville et le chastel de Sancerre. J’ay voué et juré que jamais je n’entreray en fort que j’aye, si aray veü de pres les enffans de Sancerre. Se nous povions avoir les enffans de dedens, Jehan, Loÿs et Robert, et la garnison de la ville et du chastel, nous serions recouvrés et seigneurs du paiis. Ainsi vendrions nous legierement a nostre intention, car orendroit nuls par dela Loirre ne se donne garde de nous, et le sejour icy ne nous vault riens." "C’est verité," respondismes nous. Tous luy eusmes en convent et nous ordonnasmes sur cel arrest a toute dilligence. Or advint", dist le Bascot de Maulion, "que nostre affaire fut sceue en la ville de Sancerre; car pour ce temps il y avoit ung capitaine, vaillant escuier, natif de Bourgoingne, des basses marches, qui se nommoit Guichart Albiegon, lequel s’aquitta

moult vaillamment et grandement de garder la ville et le chastel de Sancerre et les enffans et seigneurs, car tous trois estoient chevalliers a ce jour. Celluy Guichart avoit ung frere moisne en l’abbaye de Saint Thiebault, qui ne siet pas moult loings de Sancerre. Si fut envoié ce moisne, frere a Albiegon, a la Charité sur Loirre depar son frere pour rapporter une raenchon d’un pactis, que aucunes villes de dessus le paiis devoient. L’on ne se donna mie garde de ce moisne. Il sceut (comment ce fut je ne sçay) toute nostre intention et entreprinse, et tous les noms des capitaines, tenans forteresses et chasteaulx de environ la Charité, et leurs charges, et aussi a quelle heure et ou et comment ils devoient passer la riviere au Port Saint Thiebault. Sur ce point il retourna a Sancerre, et infourma son frere de toute nostre emprinse, et les trois chevalliers pareillement. ¶ Adont tous ensemble eurent regard a leur fait et se pourveïrent, au plus tost qu’ils peurent, contre nostre emprinse; car ils manderent l’affaire aux chevalliers de Berry et de Bourbonnois, et aux capitaines et gentilshommes des garnisons de la entour, et tellement firent qu’ils se retrouverent ensemble pb 41 v