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l’empereur de Constantinoble, et a convenu en la fin (autrement l’empereur ne pouoit avoir paix), que l’empereur de Constantinoble, qui fut fils a madame Marie de Bourbon et fils de l’empereur Hugues de Lusegnan, ait donné par mariage sa fille au fils du tacon; mais l’empereur demeure en sa loy, et tous les siens aussi, parmy la conjonction de ce mariage." Adont fut demandé au roi quelle chose le conte Amé de Savoie, qui fut si vaillant homme, quant il fut par dela a grant puissance de gens d’armes, chevaliers et escuiers, y avoit fait. Il respondi ainsi: "Quant le conte Amé de Savoie fut en l’empire de Bouguerie, il fist guerre aux Turs et aux Tartres si avant comme il pot, plenté ne fut ce pas. Toutesfois par vaillance il conquist sur les Tartres et sur la terre du souldan la bonne ville et grosse de Galipoly et la obtint, et y laissa gens pour le garder et deffendre, et se tint la ville tousjours, le conte de Savoie retourné en son paiis, tant que le bon roy Pierre de Chyppre vesquy, mais, sitest que le souldan et le tacon de Tartarie sceurent qu’il estoit mort, ils ne doubterent en riens l’empereur de Constantinoble, et misrent bien sus cent mille chevaulx ou plus,

et vindrent courir devant la cité de Constantinoble, et de la ils alerent mettre le siege devant Galipoly et la conquisrent de force, et occirent tous les crestiens qui dedens estoient, et depuis ont ils fait a l’empereur de Constantinoble si grant guerre que toute sa puissance n’a nullement peu resister encontre euls, et luy eussent tollu son empire, se ne feust par le moien de sa fille que le fils du grant tacon convoitta a avoir a femme; et est moult dure chose pour le temps advenir, car les officiers du tacon sont ja dedens Constantinoble, et ne vivent les Grecs qui la demeurent, fors que par euls et par le treu. Et, se le roy et les princes de la marche de Ponent n’y remedioient, les choses si iroient si mal que les Turcs et les Tartres conquerroient toute Grece et convertiroient a leur foy et loy; et ja s’en vantent ils, et ne se font que gaber et desrisier des papes, qui sont l’un a Romme, l’autre en Avignon, et dient que les Dieus des chrestiens, dont ils ont deux, se guerroient, par quoy leur loy est plus foible, et si en est plus legiere a destruire et condempner, et y mettent la raison telle, quant ceulx qui la devroient exaulchier, l’admendrissent et la destruisent." SHF 3-61 sync Adont fut demandé au roy d’Armenie se le souldan de pb 84 r