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le vous dy a celle entente ce n’est
pas par hayne n’aucune felonnie
que j’aye en vous ne sur vous, ce
n’est fors pour garder l’honneur
de nostre costé, car je ne vueil pas
vous retourné a Calaix ou en An
gleterre
que vous vous vantés
que sans coup ferir vous ayés des
confy les chevalliers de France.
Or respondés maintenant s’il vous
plaist a ma parolle." Messire
Pierre de Courtenay
fut tantost
conseilliés de respondre si dist
ainsi : "Sire de Clari, vous parlés
bien et je accepte voustre parolle
et vueil que demain au matin en
celle place vous soiés armés a vos
tre entente et je le feray aussi, et
courrons enssamble trois courts
de lance, l’un contre l’autre, et par
ainsi rachetterés vous l’honneur
de la court du roy de France et me
ferés moult grant plaisir." "Je vous
creante", dist le sire de Clari, "que je
seray icy a l’heure que me dictes."
La fut creantee des deux chevaliers
la jouste. Le sire de Clari se
departy du seigneur de Courtenay
et s’en vint a Marquise auprés de
la et si pourvey d’armes de targe,
de cheval et de glaive bonne et roide.
Tantost trouva ce qui lui besongna,
car sur la frontiere de Calaix et de
Boulongne les compaignons sont
tousjours bien pourveuz. Sy fist
sa provision et sa requeste au plus

secretement qu’il peut, car il ne vou
loit pas que toutes gens en sceus
sent a parler. Pareillement
messire Pierre de Courtenay venu
a Calaix, il ne mist pas en oubly ce
que proumis avoit et creanté mais
se pourvey de bonnes et fortes ar
mures a son point, et ja en estoit
il tous pourveus, car harnas pour
son corps bon et bel il avoit mis
hors d’Angleterre et fait amener a Paris,
si le faisoit retourner avecques lui
et l’eut tout prest quant il lui be
songna. Pour ce tamps estoit cap
pitaine de Calaix messire Jehan de
Vornes
, auquel il dist l’attie d’armez
qui entreprinse estoit entre lui et
le sire de Clari. Messire Jehan
de Vornes
dist que il lui seroit ac
compaignie et feroit faire aulains
compaignons de Calaix, c’estoit raison.
Quant ce vint a l’endemain les deux
chevaliers, françois et anglois, vin
drent sur la place ou l’attie d’armes
avoit esté prinse. Et vint le cheval
lier anglois
trop mieulx acompai
gniés que ne fist le sire de Clary, car
le capitaine de Calaix fut avec lui.
OFP 4-29 sync Les deux chevalliers, qui
emprins avoient a faire
armes et a jouster l’un contre l’autre
de cours de glayve de guerre, si comme
je vous recorde, vindrent sur la pla
ce ou jouster devoient, si comme
encommencié l’avoient. Quant
ilz furent venus, il n’y eut pas plenté pb 21 v