Online Froissart
Facsimile mode    Settings    Browse  |  Collate      
pb 23 r

au mieulx que pouions. L’adven
ture d’armes fut telle que le secont
coup je joustay contre lui, je l’enfer
ray tout oultre et l’emportay par
terre. Le capitaine de Calaix me
dist que ce qui fait en estoit bien
souffissoit, et je me meisse au re
tour; je m’y suis mis, vous m’avés
mandé, maintenant suis venus.
Je cuide bien avoir exploitié et bien
et honnourablement gardé l’hon
neur du royaume de France et des
chevaliers qui y sont, je vous ay
compté toute la pure verité du
fait, s’aucune amende y ensieut
sur ce pour bien faire, je m’en rap
porte par l’accord et jugement de
monseigneur le connestable et
de messeigneurs les mareschaux
de France, et avecques ce en la voix
et bonne discretion de messire Pier
re de Courtenay
a laquelle requeste
je fis les armes, et ad ce aussi que
tous chevalliers et escuyers tant
de France comme d’Angleterre et
vouldront ilz bien conseilliés et
infourmés discerner." OFP 4-31 sync Quant
le sire de Clary eut remonstré ses
affaires et ses excusations bien
et sagement si comme vous avéz,
il adouchi et brisa grandement
l’ayr et la felonnie de ceulx qui
l’avoient accoeilly. Mais non
obstant toutes ses parolles
et excusances, il ne peut oncquez
estre delivrés qu’il ne lui conve

nist tenir prison et en demoura
ung tamps en grant dangier et
fut sa terre toute saisié et fut
sur le point d’estre bannys et per
dre le royaume de France. Mais
le sire de Coucy et le duc de Bourbon
qui l’amoient, prierent pour lui,
et a grant paine lui acquitterent
ilz sa paix avecques l’aide de la
contesse de Sainct Pol devant qui
les parolles avoient esté dictes
et lui fut dit a sa delivrance : "Sire
de Clari, vous cuidastes tresbien
avoir fait et trop vaillamment
ouvré quant vous vous atistes
de faire armes a messire Pierre
de Courtenay
, qui estoit ou conduit
du roy, et on le vous avoit donné
en garde pour mener ou conduire
jusques a Calaix, vous feistes un
grant oultrage quant vous rele
vastes les parolles lesquelles on
disoit en anglés a la contesse
de Sainct Pol
, avant que vous
eussiés entreprins le attiz vous
deussiés estre retournés en France
devers les seigneurs et avoir dit
et remonstré telles parol
les impetueuses contre l’honneur
des chevaliers de France a dit en
la presence de moy messire Pier
re de Courtenay
, et ce que on vous
euist conseillié a faire deussiés
avoir fait. Et pour ce que point
ne l’avés fait, avés vous eu celle
paine. Or soyés une autre fois pb 23 v