et pour obvier et mettre remede,
messire Guillamme le
Boutillier,
ung gentil chevallier d’Auvergne,
messire Jehan Bonne Lance, mes
sire Loÿs d’Antybiere et pluiseurs
autres chevalliers et escuiers
d’
Auvergne et de
Lymosin avoient
mis les bastides
d’environ
Mon
tadour et se tenoient la aux cous
tages de ceulx du païs
et estoient
tenus toute la saison.
¶ Or
avint en ce temporal, si comme
je fus adont informé, que
Alain
Rons et
Pierre Rous jecterent adont
leurs
visees qu’ilz prenderoient
et actrapperoient
messire Guil
laume et
messire Jehan Bonne
Lance, qui trop de contraires leur
faisoient. Et vous
prommets
que ce fut sur telle fourme et
ordonnance que ces
deux
freres ymaginerent entr’eulx: "Nous
leur signifierons", dirent ilz tout
quoyement, "que nous leur ren
derons la
fortresse pour une
somme
de flourins que ilz ap
porteront devant eulx, et que
nous sommes tous tannés et
travailliéz de la tenir, ne plus
n’y voulons demourer et voulons
retourner en nostre païs
ou la
ou bon nous samblera. Ilz y
entenderont moult voulentiers,
car le
duc
de Berry la desire fort
a ravoir. Et ne la ferons pas
tant en vendaige une si grant
somme de flourins que on ne
les treuve tantost tous appareil
liés.
Et quelle somme demande
rons nous? Dix mille frans tant
seullement,
c’est assés, car encore
aurons nous les corps des
deux
chevalliers et par une embuche
de gens d’armes que nous mette
rons dedens la grosse tour
de ceans."
¶ Or regardés la folle yma
gination que ces
deux Bretons eu
rent de mauvaisement trahir en
celle maniere ces
deux chevaliers et d’avoir leur argent, se mal leur
en print, ilz ne sont
point a plain
dre.
OFP 4-47 sync
Sur l’estat qu’ilz deviserent
et proposerent,
ilz boute
rent hors du
chastel de Montadour ung de leurs varlets et lui dirent:
"Va t’ent jusques aux bastides des
François et te laisse prendre
har
diement mais requiers que tu
soies menés a
messire Guillau
me Boutillier ou a
Bonne Lance,
et au quel que tu viens premie
rement, si
donne ces lettres de
par nous et en demande a avoir
responce, car elle nous touche et
aussi fait il a eulx grandement".
¶ Le varlet dist qu’il feroit
bien le message qui n’y pensoit
que
tout bien, si se party d’eulx
et chemina tant qu’il vint aux
bastides des
François. On vint
au devant de lui quant on le vey
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