dition que nous voulons
avoir
X mille frans tant seullement
pour les pourveances, car nous
sommes tannés de guerroier
et nous voulons retraire en
Bre
taigne ou
ailleurs ou mieulx
nous plaira."
¶ Les
deux cheva
liers, qui furent tous resjouys
de ces parolles, respondirent et
dirent: "Vous parlés de marchan
dise, nous y
entenderons voulen
tiers, mais tant que pour le
present nous n’avons point
l’argent
appareillié; si le pour
verrons et ferons tant que nous
l’aurons. " "Quant vous
l’aurés
pourveu," respondirent ceulx de
Montadour, "si
nous le signigfiés
et nous tendrons le marchié,
mais demenés celle chose sage
ment
et moult secretement car
s’il estoit sceu entre les compai
gnons de
Montadour, ilz nous
prenroient a force et nous occi
roient, ainsi fauldriés vous a
vostre entente." Respondy
messire
Guillaume le Boutillier: "Ne vous
doubtés, nous demenerons la
chose tellement que nous n’y
aurons point de
dommage." A
ces parolles ilz se departirent
et prindrent congié les ungs
aux
autres, et rentrerent les
Bretons ou
fort de Montadour et les
chevaliers françois retour
nerent a leurs logis.
OFP 4-48 sync
Messire Guillaume
le
Boutillier et
messire
Jehan Bonne Lance qui ne pen
soient a ceste
ordonnance que
tout bien pour eulx, et ne cuidoi
ent point que les
deux Bretons les voulsissent trahir ne decep
voir pour avoir leurs corps et leur
argent, escripvirent tantost
unes lettres au mieulx faittes
qu’ilz peurent et les
mieulx dic
tees pour envoier au
duc de Ber
ry, qui pour ces jours se tenoit
a
Rion en Auvergne. Et prindrent
ung gentilhomme des leurs
qui sçavoit moult bien parler,
qui se nommoit Lyonnel de Sainct In
dal, et l’infourmerent de tout
le fait et lui commanderent
que riens il n’oubliast
a dire
au
duc de Berry, et penssoient
que de ces nouvelles il seroit
moult
grandement resjouys,
car fort desiroit et longuement
avoit desiré pour ravoir le
fort
chasteau de Montadour.
¶ L’es
cuier print les lectres a l’ordon
nance des
chevalliers et se par
ty des bastides, enditéz et infor
méz quel chose il devoit dire
et
faire, et tant chevauchant
Lymo
sin et
Auvergne
qu’il vint a
Rion ou le
duc se tenoit. Et la,
se m’est advis,
trouva le
duc
de Berry, il s’agenouilla devant
lui et lui bailla les lettres en
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