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pb 37 v

dition que nous voulons avoir
X mille frans tant seullement
pour les pourveances, car nous
sommes tannés de guerroier
et nous voulons retraire en Bre
taigne
ou ailleurs ou mieulx
nous plaira." Les deux cheva
liers
, qui furent tous resjouys
de ces parolles, respondirent et
dirent: "Vous parlés de marchan
dise, nous y entenderons voulen
tiers, mais tant que pour le
present nous n’avons point
l’argent appareillié; si le pour
verrons et ferons tant que nous
l’aurons. " "Quant vous l’aurés
pourveu," respondirent ceulx de
Montadour, "si nous le signigfiés
et nous tendrons le marchié,
mais demenés celle chose sage
ment et moult secretement car
s’il estoit sceu entre les compai
gnons de Montadour, ilz nous
prenroient a force et nous occi
roient, ainsi fauldriés vous a
vostre entente." Respondy messire
Guillaume le Boutillier
: "Ne vous
doubtés, nous demenerons la
chose tellement que nous n’y
aurons point de dommage." A
ces parolles ilz se departirent
et prindrent congié les ungs
aux autres, et rentrerent les
Bretons ou fort de Montadour
et les chevaliers françois retour
nerent a leurs logis.

OFP 4-48 sync Messire Guillaume le
Boutillier
et messire
Jehan Bonne Lance
qui ne pen
soient a ceste ordonnance que
tout bien pour eulx, et ne cuidoi
ent point que les deux Bretons
les voulsissent trahir ne decep
voir pour avoir leurs corps et leur
argent, escripvirent tantost
unes lettres au mieulx faittes
qu’ilz peurent et les mieulx dic
tees pour envoier au duc de Ber
ry
, qui pour ces jours se tenoit
a Rion en Auvergne. Et prindrent
ung gentilhomme des leurs
qui sçavoit moult bien parler,
qui se nommoit Lyonnel de Sainct In
dal, et l’infourmerent de tout
le fait et lui commanderent
que riens il n’oubliast a dire
au duc de Berry, et penssoient
que de ces nouvelles il seroit
moult grandement resjouys,
car fort desiroit et longuement
avoit desiré pour ravoir le fort
chasteau de Montadour
. L’es
cuier print les lectres a l’ordon
nance des chevalliers et se par
ty des bastides, enditéz et infor
méz quel chose il devoit dire et
faire, et tant chevauchant Lymo
sin
et Auvergne qu’il vint a
Rion ou le duc se tenoit. Et la,
se m’est advis, trouva le duc
de Berry
, il s’agenouilla devant
lui et lui bailla les lettres en pb 38 r