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plus avant." "Monseigneur," respon
dy le conte dauffin, "vous sçavés
comment le conte d’Armignach et
moy sommes ordonnés et avons
esté ung moult grant tamps de
par le paÿs d’Auvergne et de Caor
sin
, de Rouvergne et de Lymosin a
rachetter et retraire a nous les
fors et les garnisons contraires
et avemies aux mareschaussees
desus dictes, et en avons en pluiseurs
traittiés, mais oncques pour chose
que nous peuissions faire, nous
ne peusmes amener, ne attraire
ceulx de Montadour qu’ilz voulsis
sent rendre, ne vendre leur fort
par quelconques voye, ne maniere
que ce fust, ne a paines quant
nous envoyons pardevers eulx,
ilz ne nous en daingnoient res
pondre. Et si savons certainement,
que se ilz font ce traittié dont
vous nous avés parlé, ce ne sera
pas par deffaulte de vivres, car se
nulles pourveances n’entroient
dedens sept ans ou fort chastel
de Mountadour
, si en ont ilz assés.
Et pour ce nous esmervillons nous
maintenant qui les muet a ce fai
re, et faisons doute qu’il n’y ait
trahison, car gens d’armes enclos
en fortresses, qui ont poursuivy
routte, sont trop ymaginatifs.
Et quant leur ymagination s’en
cline sur aucun mal, ilz y scevent
trop bien adreschier. Sicques,

monseigneur, aiés advis sur ce."
"En nom Dieu," dist le duc de Berry,
"vous ne dittes pas grant mervelle,
et si avés bien parlé quant vous
m’aves adverty ainsi de ces propos
dont y pourverrons mieulx que
devant nous n’avons fait."
OFP 4-49 sync Le duc de Berry appella
ung de ses chevalliers
qui se nommoit messire Pierre
Mespin
et lui dist: "Vous en irés
avecques la finance aux bastides
de Montadour. Vous la venus, dirés
depar nous a nos chevalliers Guil
laume le Boutillier
et a Bonne Lan
ce
, que de ce traittié dont ilz m’ont
escript, qu’ilz en euvrent sagement,
et qu’ilz ne se confient pas trop
sus ces Bretons de Montadour,
car nous avons de costé oy nouvel
les qu’ilz ne scevent pas, pour ce
ilz soient advisés sur ce de tous
poins." Le chevallier respondy: "A la
bonne heure." Il se departi de
Rion avecques la finance, si che
vaucherent lui et sa compaignie
qu’ilz vindrent auxbastides aux
logis de leurs gens, et trouverent
les compaignons qui les recoeilli
rent liement. Les sommiers furent
deschargiés et mis en saulf lieu.
Messire Pierre Mespin, quant lui
et les deux chevaliers eurent parlé
ung petit enssamble, ouvry le mes
sage dont il estoit chargiés et dist
ainsi: "Vous messire Guilpb 39 r