beaux apparaulx se firent en Franche
quy firent generallement par tailles
levee et assises sur touttes gens furent, tant en
cités
et en bonnes villes comme ou plat paÿs
que puis cent ans ne furent veüs
aussi beaux ne ossy beaulx apparaulx
en Franche. Et tout l’esté jusques
au
moix de septembre on ne fist que
meuldre farines et cuire bescuyt a Tour
nay, a Lylle, a
Douaii, a
Aras, a
Amiens,
a
Bethunne, a
Saint Omer et a touttes les
villes voisines de
l’Escluse. Car telle
estoit l’intencyon du roy de Franche
et de son
conseil qu’a
l’Escluse on mon
teroit la en mer. Et par la on enter
roit en
Angleterre pour tout destruire.
Depuis le port de Sebille en Espai
gne jusques en
Pruce ne demou
ra nulz gros vassiaulx sur mer ou les
Franchoix povoyent mettre les mains
que tout ne fust retenu pour le roy
et
pour ses gens. En l’ost venoyent tou
tes manieres de vivre et touttes pour
veanches de touttes pars arrivoyent
et venoyent
ensamble en
Flandres, sy
grandes et si grosses de vins, de chars
salleez, de fain, d’avainne, de sel,
d’oy
gnons, de vergus, de bescuyt, de fari
ne, de cras buefz, d’oes batus en ton
niaulx et de touttes choses dont on puist
ne se pouoit
deviser ne aviser
ne
pourpenser, que qui ne le verroit, on
ne le pouroit croire. Et furent seigneurs
pryéz et mandéz jusques et et mes
sage jusques en
Sçavoye, en
Allemay
gne et en pluseurs lieux. Et fut re
tenu pour che voiage depart le roy le
conte de Savoye atout V
C lanches. Et
d’aultre part le conte d’Erminach et le daul
phin d’Auvergne. Et quoyque
ches
seigneurs estoyent loingtains, et ne
povoyent bonnement sçavoir a quelle
fin cheste armee se feroit, sy firent ilz
faire leurs pourveanches sy grandes
et sy
grosses et sy
coustable que merveil
les estoit a penser. Et furent trés le
Saint Jehan
envoié querre en
Hollande et
Zellande, a
Medelbourcq, a
Zerechiel,
a
Dourdrech, a
Esconnehouve, a le Ghode,
a
Herlem,
a
Nostre Damme, a
Delf, alle
Bri
elle et en touttes
les villes sur mer
ou sur les rivieres rentrans en mer
tous les gros
vassiaulx dont on se pouoit
aydyer. Et furent tous louéz et menéz
a
l’Excluse, mais les
Hollandois disoyent
quand on les avoit louéz et
retenus: "Se
vous voulléz que nous soyons a vous et
avoir nostre serviche, sy nous
payéz tout
comptant ou aultrement nous n’irons
nulle part." La furent ilz payéz
dont ilz
firent que saige avant qu’ilz se voulsissent
partir de leurs lieus.
Moult y eut de nefz et de gros vaisse
aulx en cel an en la mer
d’Espaigne et ou
havene de l’Excluse et de Blancque
berghe. Car
en l’an de septembre dessudit
ilz furent nombrés a XIII
C IIII
XX et VII
vassiaulx. Che sambloit des mas a
l’Escluse qui regardoit en la mer ung
grant boix. Et encore n’y estoit pas la na
vye du
royaulme de Franche, c’est assa
voir connestable, messire Olivier de
Clichon, lequel s’apparilloit et ordonnoit
a Landregnier en Bretaigne. Avecq tout
che, le dit connestable de France faisoit ouvrer et char
penter en
Bretaigne l’enclosture d’une
ville et tout de bon boix et gros pour
asseoir en
Angleterre, la ou il leur plai
roit quand ilz y auroyent prins
terre,
pour les seigneurs logier et retraire de
nuit, pour eschever les perilz de resveil
lemens et pour dormir plus ayse et
mieux asseur. Et quand on se deslogeroit
d’une
plache et on yroit en aultre, chelle
ville estoit tellement ordonnee, ouvree
et charpentee
qu’on le pouoit deffaire
par pieches ainsy que une couronne, et
rasseoir membre apprés
aultre. Et y avoit
grant foison de charpentiers et d’ouvriers
quy l’avoyent composee et
ouvree, et sça
voyent comment elle debvoit aller. Et
a che estoyent ilz retenus et
avoyent
grans gaiges. En celle armee qui debvoit
je n’oÿs point nommer le duc
de Bretaigne
qu’il feyst nulles pourveanches, ne le
duc
de Touraine, le josne
frere du roy, ne le
conte d’Alenchon, ne le conte de Bloix.
Mais tous n’y pouoyent pas aler car il
convenoit qu’il en demourast en Franche
pour aydier a garder le royaulme.
De che grant appareil d’avoir la guerre
de Franche en
Angleterre furent
chertiffyéz et moult bien infourmés le
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