Online Froissart
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Cy commence l’autre partye principale
SHF 3-1 sync Space: 1 letterse me suis longhe
ment tenu de parler
des besongnes des
loingtaines marches
mais les prochaines
quant a present m’ont esté si fresches
et si nouvelles et sy enclinés a ma plai
sance que pour che les ay mis ariere.
Mais pour tant ne sejournerent pas
les vaillans hommes qui se desiroyent
a avanchier ou royaulme de Castille
et de Portigal
, et aussy bien en Gas
coigne
, en Rouuergue, en Quersin, en
Lymosin, en Toulousain et en Bighore
mais visoyent et soustilloyent tous les
jours les ungs sur les aultres comment
ilz se peussent trouver en party de
fait d’armes, prendre et embler villes,
chasteaulz et forteresches. Et pour che
je messire Jehan Froissart, qui me suis
ensoinnéz de ditter et cronisier ceste
hystore a la requeste, contemplation et
plaisance de hault prince et renommé
messire Gui, conte de Chastillon, conte de Bloix,
seigneur d’Avesnes, de Beaumont, de Scon
nehove et de la Gaude, mon bon maistre
et seigneur souverain
, consideray en moy
mesmes que pas n’estoit taillié en
long temps que grant fais d’armes ad
venissent es marches et ne du paÿs
de Flandres
puis que paix y avoit
et grandement m’anuoit a estre oy
seux. Car bien sçay que ou temps ad
venir quant je seray mort et poury ceste
noble et haute histore sera en grant cours
et y prenderont tous nobles et vaillans
hommes plaisance et augmentacion de
bien. Et aincoire que je avoye Dieu
mercy sens, memoire et bonne souve
nanche des touttes les choses passeez
engin cler et agu pour conchepvoir
tous les fais dont je poroye estre infour

mé touchans a ma principale matiere.
Et pour savoir la verité des besongnes
sans che que je y envoyasse aulcune aultre personne
en lieu de moy prins voye raisonnable
et occoison d’aller devers hault et redoubté
prince monseigneur Gaston, conte de Foix et de
Biherne
, et bien sçavoie que se je pooye
avoir la grace de venir en son hostel et la
estre a loisir, je ne poroye mieulx ou monde
escheoir pour estre infourmé justement
de touttes nouvelles. Car la sont et retour
nent tous chevalliers et escuyers estranges pour
la noblesse de lui. Et tout ainsy comme
je le ymagina, il m’en advint. Et remons
tray che le voyage que je voloye faire
a mon tresredouté seigneur le conte de Bloix,
lequel me bailla ses lettres de familiarité
adreschans au conte de Foix. Et tant che
vaulchay en enquerant nouvelles a tous
costéz que par la grace de Dieu, sans anuy
et sans dommage, je vins en son hostel a
Horthais ou paÿs de Biherne
, le jour sainte
Katherine, l’an de Grace mille IIIC IIIIXX VIII.
Lequel conte de Foix, si tost qu’il me veÿ,
me fist bonne chiere et me dist en riant en
bon franchois que bien il me congnoissoit
et sy ne m’avoit oncques mais veü, mais
pluseurs fois avoit oÿ parler de moy.
Sy me retint de son hostel et met tint tout
ayse parmy le bon moyen des lettres que
je lui avoye aportees, tant comme il m’y pleut
a estre. Et la fus infourmés de la grigneur
partye des besongnes qui estoient adve
nues ou royaulme de Castille, de Portingal,
de Navarre
et ou paÿs de Bourbonnois et en
toutte la Gascongne. Et mesmes quant je
lui en demandoye aulcune chose, il le
me disoit moult volentiers. Et me disoit
bien que l’istore que je poursievoye seroit
ou temps advenir plus recommandee que
nulle aultre. "Raison pourquoy", disoit il, "beau
doulz maistre puis chinquante ans sont
advenus plus de fais d’armes et de mer
veilles ou monde qu’il n’estoit IIIC ans par
avant." ¶ Ainsy fus je en l’ostel au conte
de Foix recoeilly et noury a ma plaisance,
c’estoit que je desiroye, a enquerre de touttes
nouvelles touchans a ma matiere. Et je
avoye a ma volenté barons et chevalliers et escuiers
qui m’en infourmoyent. Et le jentil conte
de Foix aussy. Sy vous esclarchiray par pb 7 v