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le bon roy de Behaingne, le conte de Flandres,
le duc de Lorraine et tous les autres barons
et seigneurs l’un aprés l’autre. Si estoit
le roy moult courroucié sur monseigneur Gode
mar du Fay tant qu’il l’eust fait pendre, se
n’eust esté messire Jehan de Hainau, en qui
le roy se fioit moult et disoit le roy qu’il
s’estoit mauvaisement acquittéz de garder
la Blanchetaque. Et par sa mauvaise garde
les Englois estoient passéz oultre en
Pontieu, pourquoy il avoit receu celle
grant perte et dommage. Au propos du
roy s’enclinoient bien aucuns du conseil
du roy qui voulsissent bien que le dit
messire Godemar l’eust comparé et l’appel
loient traitre mais le gentil messire Jehan
l’excusa et de raison par tout car comment
peust il avoir defendu et resisté a la
puissance des Englois, quant toute la
fleur de chevalerie de France ensemble
n’y peurent riens faite. Si passa le roy
son mautalent adont le plus bel qu’il
peut et fist faire les obseques de ses pro
chains l’un aprés l’autre. Puis se party
d’Amiens et donna a toutes manieres de
gens d’armes congié et retourna devers
Paris. Et ja avoit le roy d’Engleterre assegié
la forte ville de Calais.
SHF 1-288 sync De la ville de Calais estoit cappitaine
un gentil et vaillant chevalier
de Champaigne aux armes, qui s’appelloit
messire Jehan de Vianne. Avec lui estoient
pluseurs bons chevaliers d’Artois et de la
conté de Guines telz comme messire Ernoul
d’Andrehen, messire Jehan de Surie, messire
Baudouin de Bellebourne, monseigneur Gieufroy
de la Mote, monseigneur Pepin de Werre et pluseurs
autres chevaliers et escuiers, lesquelx moult
loyaument s’i acquitterent. Quant le
roy d’Engleterre fu venu premierement devant
la ville de Calais ainsi que cil qui moult
desiroit a conquerre, l’assega de grant
maniere et par bonne ordonnance et
fist bastir et ordonner entre la ville et la
riviere et le pont de Nulais hostelz et
maisons et charpenter de gros merriens
et couvrir les dictes maisons, qui estoient
assises et ordonnees par rues bien et
faiticement d’estrain et de geneste. Aussi

comme s’il deust la demourer X ou XII
ans car telle estoit son entention qu’il
ne s’en partiroit ne pour yver ne pour esté
si l’aroit conquise quel temps ne quelle
paine qu’il y deust mettre. Et avoit en
ceste neufve ville du roy toutes choses
neccessaires appartenans a un ost et plus
encore et place ordonnee pour tenir
marchié le mercredi et le samedy. Et la
estoient merceries, boucheries, halles de
draps et de pain et de toutes autres
neccessitéz. Et en recouvroit on aisiement
pour son argent. Et tout ce leur venoit
tous les jours par mer d’Engleterre et
aussi de Flandres dont ilz estoient con
fortéz de vivres et de marchandises.
Avec tout ce les gens du roy d’Engleterre
couroient moult souvent sur le paÿs
en la conté de Guines, en Tierenois et
jusques auz portes de Saint Omer et de
Bouloingne. Si conqueroient et rame
noient en leur ost grant foison de proie
dont ilz estoient rafreschiz et ravitail
liés. Et point ne faisoit le roy ses gens
assaillir la ville de Calais car bien savoit
qu’il y parderoit sa paine et se traveilleroit
en vain, si esparengnoit ses gens et son
artillerie et disoit qu’il les affameroit
com long terme qu’il y deust mettre
se le roy Phelippe derechief ne le venoit
combatre et lever le siege. Quant
messire Jehan de Vianne, qui cappitaine
de Calais estoit, vit que le roy d’Engleterre se
ordonnoit pour la tenir le siege et
que c’estoit a certes, si fist une ordon
nance dedens la ville de Calais telle
que toutes manieres de menues gens
qui pourveances n’avoient vuidassent
sans point d’arrest. Si en vuidierent
et partirent sur un mercredy au matin
que hommes que femmes que enfans
plus de XVIIC. Et passerent parmy
l’ost du roy d’Engleterre et leur fu demandé
pourquoy ilz vuidierent. Ilz respondirent
qu’ilz n’avoient de quoy vivre. Adont
leur fist le roy grace que de passer et
aler parmy son ost sauvement. Et leur
fist tous et toutes donner a disner bien
et largement et aprés disner a chascun II estrelinspb 105 r

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