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demoura tout quoy en l’abbaie de Saint Bernart
jusques aprés la journee. Les aucuns des
seigneurs et des chevaliers d’Engleterre de
mourerent en Anviers pour lui faire com
paignie. Les autres aloient esbanoians par
my le paÿs a grans frais, la ou ilz estoient
bien venuz durement et bien festoiéz. Le duc
de Braibant
s’en ala a La Leuvre et la se tint
un grant temps et envoioit souvent pardevers
le roy de France pour lui excuser et pour
prier qu’il ne creust nulle mauvaise in
formation senestre contre lui.
SHF 1-66 sync Le jour approucha et vint que le roy
englois
attendoit la responce de ces
seigneurs. Mais ilz se firent souffisaument
excuser et manderent au roy qu’ilz estoient
tous appareilliés eulz et leurs gens ainsi
que convent estoit mais qu’il feist tant au
duc qu’il s’appareillast, qui estoit le plus
prouchain et qui le plus froidement se
portoit, ce leur sembloit et appareilloit. Et
aussitost qu’ilz saroient de certain que le duc
seroit appareillié, ilz se mouveroient et seroient
au commencement de la besoingne aussitost
que le duc de Braibant seroit. Sus ces pa
roles le dit roy englois fist tant qu’il parla
au duc de Braibant son cousin et lui demou
stra le mandement que ces seigneurs lui
avoient mandéz. Si lui pria en amistié
et requist par linage qu’il se voulsist sur ce
aviser par quoy nulle defaute ne fust trou
vee en lui. Car il endroit de lui s’appercevoit
bien que il s’appareilloit froidement et se
il n’en faisoit autre chose, il doubtoit qu’il
ne perdist l’aide et le confort de ces seigneurs
d’Alemaigne par la defaute de lui. Quant
le duc oÿ ce il en fu tout confus et dist
qu’il s’en conseilleroit. Quant il fu longue
ment conseillié, il respondy au roy qu’il
seroit asséz tost appareillié quant besoing en
seroit mais il aroit ainçois parlé a tous
ces autres seigneurs. Le roy apparçut bien
qu’il n’en aroit autre chose et que le cour
roucier ne lui pouoit riens valoir. S’y
accorda au duc son propos et dist qu’il
envoieroit encore a ces seigneurs certains
messages depar lui qu’ilz fussent a une
certaine journee encontre lui, la ou il
leur plairoit mieux. Ainsi se departirent

le roy et le duc. Et furent devers les sei
gneurs de l’Empire messages envoyés
et le certain jour assigné qu’il venroit
ce fu a la Nostre Dame my aoust. Et fu miz
et assiz ce parlement par tous communs
accors a Halle pour la cause du joenne
conte Guillaume de Hainau
, qui y devoit
estre, et fu avec monseigneur Jehan de Hainau,
son oncle
.
SHF 1-67 sync Quant tous ces seigneurs de l’Empire
furent assembléz, si comme dessus
est dit, en la ville de Halle, ilz orent grant
parlement et long conseil. Car la besoigne
leur estraindoit durement. A enviz pour
suioient leur couvenant et a enviz en
defailloient pour leur honneur. Quant
ilz furent tres longuement conseilliés,
ilz respondirent d’un accort au roy englois
et distrent ainsi : "Chier sire, nous nous sommes
longuement conseilliés car vostre besoigne
nous est asséz pesant, car nous ne veons
pas, tout consideré, que nous avons point
de cause de deffier le roy de France a vostre
occasion, se vous ne pourchaciés que vous
ayés l’accort de l’empereur et qu’il nous
commande que nous deffions le roy de France
depar lui. Car il ara bien droite achoison
et vraye par raison si comme nous vous
dirons. Et dont en avant ne demoura
nulle defaute en nous que nous ne
soions appareilliés de faire ce que
promis vous avons sans nulle excu
sance. La cause que l’empereur puet
avoir de deffier le roy de France est telle.
Il est certain que couvenancié a esté
de longtemps et seellé et juré que le
roy de France, quiconques le soit, ne puet
ne doit tenir ne acquerre riens sus l’Em
pire
. Et ce roy Phelippe qui a present regne, a
fait le contraire contre son serement car
il a acquis le chastel de Crevecuer en Cam
bresis
et le chastel de Alues en Paillueil
et pluseurs autres heritages en la dicte
conté de Cambresis, qui est terre de l’Empire
et hauls fiefs et relevee de l’empereur et l’a
attribué au dit royaume de France, pour
quoy le dit empereur a bien cause de lui
deffier par nous, qui sommes ses subgiés.
Si que nous vous prions et conseillons que pb 27 r