The Online Froissart

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pb 294 v

au seigneur de Vertain que voulentiers
il feroit fait d’armes a lui de III
poins de lance, de III coups d’espee
et de III coups de hache, et le sire
de Vertain lui avoit accordé, mais
le conte de Bouquinhen n’avoit point
voulu que adont ilz en feïssent
riens. Et teles paroles orent ce
jour un escuier de Savoie qui se
appelloit le bastart Clarins, a Edou
art de Beauchamp, filz a messire
Rogier. Et le Galois d’Aulnoy
a monseigneur Guillaume Cliçon. Et messire
Lionniaux d’Arraines a messire
Guillaume Franc. Si demourerent
ces armes a faire jusques a
tant que le conte de Bouquinghen
fu logiés a Vennes. Lors vin
drent ces François au Chastel
Josselin et firent leurs armes
devant le connestable de
France et plusieurs autres barons de
France qui la estoient. SHF 2M-185 sync Aprés
ces armes, la furent requis
autres fais d’armes des François
aux Englois et firent armes
devant le conte de Bouquingen
a Vennes. SHF 2M-186 sync Premierement le
sire de Pousances en Poitou, et
le sire de Vertain en Henault
s’en vindrent l’un sur l’autre et
tout a pié et assirent les glaives
l’un sur l’autre en poussant.

Le
sire de Vertain fu ferus sans estre
blecié en chair. Le sire de Pousances
fu feru parmy ses mailles et
sa poitrine d’acier et yssi sang
de sa chair. Aprés firent les
autres armes sans dommage.

Aprés vindrent messire Jehan d’Au
brechicourt de Haynau, et messire
Tristan de la Galle, Poitevin, et
firent les armes vaillemment
sans dommage. Et adont vindrent
les autres Edouart de Beauchamp
et le bastart Clarins de Savoie.
Ilz assirent les glaives en leurs
poitrines en poussant, et tant
que Edouart fu bouté jus et
reverséz. Quant il fu relevéz,
ilz revindrent l’un sur l’autre,
et encore de rechief le bouta
le Savoisien a terre. Adont fu
prins Edouart par les Englois
qui distrent qu’il n’en feroit plus,
et le Savoisien leur dist : "Vous me
faites tort, et puis que vous vouléz
que Edouart n’en face plus, si
m’en bailliés un autre." Adont
sailli avant un escuier englois
appellé Janequin Setincelee, si
se arma en la place et prist
son glaive, et le Savoisien la
sienne, et vindrent l’un sur l’autre
et se pousserent ce premier coup
de tel façon que les deux glaives
volerent par pieces par dessus
leurs testes. Puis firent le second
coup et le tiers et furent tous
les VI lances rompues. Adont
prindrent ilz les espees, et en
VI coups ilz en rompirent IIII,
et vouloient ferir des haches,
mais le conte de Bouquinhen dist
qu’il ne les vouloit pas veoir
en oultrance, et qu’ilz en avoient
asséz fait. Lors se traïrent avant
Jehan de Chastelmorant, François, pb 295 r

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