The Online Froissart

Facsimile mode Settings Browse | Collate

pb 89 r

Artevelle et jurerent solempnelment
que riens n’en savoient. Et se ilz l’eussent
sceu, ilz l’eussent voulentiers defendu si
estoient de la mort de lui durement cour
rouciés et desoléz et le regretoient moult.
Car bien leur avoit esté propice et neccessaire
a tous leurs besoings et avoit gouverné
le paÿs de Flandres bien et sagement. Et se
ceulz de Gand l’avoient occiz par leur outrage,
on leur feroit amender si grossement qu’il
deveroit souffire. Et remoustrerent encore
au roy que pour ce que Artevelle estoit mort
il n’estoit mie esloingniés de la grace et de
l’amour de ceulx de Flandres sauf et excepté
qu’il n’avoit que faire de tendre a l’eritage
de Flandres ne qu’ilz le deussent tolir au
conte leur naturel seigneur, comme françois
qu’il fust, ne a son filz pour lui aheriter ne
son filz le prince de Galles. Car ceulx de
Flandres ne si assentiroient jamais. "Mais,
chier sire, vous avéz de beaux enfans filz et
filles. Le prince de Galles vostre ainsné filz ne
puet faillir qu’il ne soit encore moult grant
seigneur sans l’eritage de Flandres et vous
avéz une damoiselle a fille puisnee et nous
un joenne damoisel que nous nourrissons
et gardons qui est heritier de Flandres. si se
pourroit bien encore faire un mariage d’eulz
II. Ainsi demourroit toudiz la conté de
Flandres a l’un de voz enfans." Ces parolles
et autres adoucirent durement le courage
et mautalent du roy d’Engleterre et se tint fina
blement asséz bien contens des Flamens et
les Flamens de lui. Ainsi fu entroubliee petit
a petit la mort Jaques d’Artevelle.
Nous parlerons du conte Guillaume de
Haynau et de messire Jehan de Haynau son
oncle, et de leur perte en Frise.
SHF 1-239 sync En ce temps et en celle meisme saison
seoit le conte Guillaume de Haynau
devant la ville d’Utret et seoit un grant
temps pour aucuns drois qu’il y demandoit
avoir. Si constraint tellement par siege
et par assaut ceulx d’Utret qu’il les eut
a sa voulenté et les mist a raison. Asséz
tost aprés en celle meisme saison environ
la Saint Remy, aprés le departement du
siege d’Utret, il fist une grant assemblee de
gens d’armes chevaliers et escuiers de
Haynau, de Flandres, de Braibant, de Hollande,

de Guerle et de Jullers. Et se partirent le
conte et ses gens d’armes de la ville de
Dordrecht en Hollande a grant foison de
nefs et de vaisseaux et siglerent devers Frise,
car le conte de Hainau s’en disoit estre sire.
Touteffois de droit se ce fussent gens fuisons
que on peust mettre a raison le conte de
Haynau y eust grant seigneurie et encore
le dessus dit conte, qui fu moult entreprenant
et hardy chevalier, en fist adont une partie
de son pouoir du chalengier et requerre. Mais
il ne l’en chey mie bien ne a ceulx qui furent
en ce voiage avec lui, dont ce fu dommage,
car il y demoura et grant foison de
nobles chevaliers et escuiers Dieux en
ait les ames. Et y fu pres demouré messire
Jehan de Haynau oncle au dit conte et
se party moult enviz du lieu ou il estoit
arrivéz car il n’arriva mie ou paÿs
avec son nepveu mais d’autre part. Et
ainsi comme tout forsené il se vouloit
combatre et vendre aux foisons, quant
ses gens le prindrent qui virent la descon
fiture. Et le getterent, voulsist ou non, en
une nef et especialment messire Robert de
Glennes qui estoit adont escuier pour
son corps fort et legier et fu le dit messire
Robert pres mort et noyé pour lui sauver.
Touteffois il retourna a petite mesgnie
desbaretté et vint au Mont Sainte Guer
trud en Hollande, ou madame sa niepce
l’attendoit qui avoit esté femme au dit
conte madame Jehanne, ainsnes fille
du duc Jehan de Braibant. Laquelle haine
fu moult desolee et destourbee de la
mort d’icellui conte son mary. Si trait
la dicte dame a la terre de Binch dont elle
estoit douee. Ainsi vaca la conté de Hainau
un temps et la gouverna messire Jehan
de Hainau jusques a tant que Marguerite
de Hainau, mere a monseigneur le duc Aubert,
se trait celle part et en prist la possession
et l’eritage et l’en firent les seigneurs,
barons, prelas, chevaliers et bonnes villes
feauté et hommage. Ceste dame Margue
rite, contesse de Hainau, avoit a mary monseigneur
Loÿs de Baviere, empereur de Romme et roy
d’Alemaigne, si comme il est devise ou com
mencement de ce livre. SHF 1-240 sync Asséz tost aprés
traitta le roy Phelippe de France et fist traittier pb 89 v

Display By:	Folio Manuscript Chapter SHF Chapter

Manuscript:
Navigate By:	Folios Manuscript Chapters Edition Chapters Printed Editions
Go To:

Return to Manuscript

Facsimile	Manuscripts are displayed with a layout and visual style which reflects the original manuscript as closely as possible.
Edition	Manuscripts are displayed in a more readable style resembling a modern edition.
Synchronise by word	Every collated word becomes a link. Clicking on a word will synchronise all open manuscripts to that word.
DMF	With this setting, every word becomes a link to the online Dictionnaire du Moyen Français (DMF). Clicking on a word opens a window listing relevant entries on the DMF website.

Horizontal	Viewing windows extend horizontally across the page.
Vertical	Viewing windows extend vertically down the page.