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n’estoient mie les Englois tous oultre
sur le rivage quant aucuns escuiers de
France qui aventurer se vouloient et par
especial de ceulz de l’Empire, du roy de Behai
gne et monseigneur Jehan de Haynau, vindrent
sur eulx et conquistrent sur les derreniers
aucuns chevaux et harnois et en tuerent
et blecierent pluseurs sur le rivage, qui
mettoient paine a passer afin qu’ilz feussent
tous oultre. Ces nouvelles vindrent
au roy de France, qui chevauçoit forment
celle matinee et estoit partiz d’Araines.
Lors fu il moult courrouciés car il
cuidoit bien trouver les Englois sur le
rivage et les combatre. Et dont s’arresta
sur les champs et demanda a ses mares
chaux qu’il estoit bon a faire. Ilz respon
dirent : "Sire, vous ne pouéz passer fors au
pont d’Abbeville car le fleuve de la mer
est ja revenu." Dont retourna le roy de
France tout courroucié et vint ce juedy
gesir a Abbeville et toutes ses gens
suivirent son train. Et vindrent les princes
et les corps des grans seigneurs logier en
la dicte ville et leurs gens es villages d’en
viron car tous n’y peussent mie estre
logiés tant en y avoit grant foison.
SHF 1-271 sync Quant le roy d’Engleterre et ses gens
furent oultre la riviere de Somme et
qu’ilz eurent leurs ennemiz chaciés de
la place, ilz se mistrent ordonneement
ensemble et arrouterent leur charroy.
Et chevaucierent si comme ilz avoient
fait ou paÿs de Vexin et de Vismeu et
par avant jusques la. Et regracia et loua
Dieu le roy d’Engleterre ce jour pluseurs fois.
Il quitta la prison au vallet qui lui avoit
moustré le passage, et a tous ses compai
gnons pour l’amour de lui et lui fist
donner C nobles d’or et un bon roncin.
Puis chevaucierent le roy et ses gens tout
souef et tout joieux de leur belle aventure.
Et eurent ce jour empensé a logier a
la ville de Noielle, qui est la pres mais
quant ilz sceurent qu’elle estoit a la con
tesse d’Aumarle, suer a monseigneur Robert
d’Artois qui trespassé estoit, ilz asseurerent
la ville et le paÿs qui estoit a la dame
appartenant, pour l’amour de lui, de quoy

elle remercia moult le roy et ses ma
reschaux. Si alerent logier plus
avant ou paÿs en aprouchant Labroye
mais ses mareschaux chevaucierent
jusques a Crotoy, qui siet sur mer, et
ardirent la ville toute quant ilz l’eurent
prise. Si trouverent sur le port grant
foison de nefs, de barges et de vaisseaux
chargiés de vin de Poitou, qui estoient
aux marchans de Saintonge et de
La Rochelle, mais ilz eurent tantost
tout vendu et en firent les mareschaux
amener et acharier des meilleurs en
l’ost du roy d’Engleterre, qui estoit logiés a
II petites lieues. L’endemain se desloga
le dit roy d’Engleterre et chevauça vers Crecy
en Pontieu. Et ses deux mareschaux che
vaucierent en deux routes, l’un a destre
et l’autre a senestre. Et vint l’un courir
jusques aux portes d’Abbeville. Puis
s’en retourna a Saint Riquier au desoubz
sur la marine et vint courir jusques a
la ville de Saint Esperit de Rue. Si chevau
cierent ainsi ce venredy jusques a heure
de midy que leurs III batailles se mistrent
toutes ensemble si se loga tout l’ost
pres de Crecy en Pontieu.
SHF 1-272 sync Le maintien du roy d’Engleterre pres
de Crecy et de ses batailles.
Bien estoit enformé le roy d’Engleterre
que le roy de France le suivoit
pour combatre. Si dist adont le roy a ses
gens : "Prenons cy place de terre car je
n’iray plus avant si aray veü mes
ennemis. Et bien y cause que je les
attende car je sui sur le droit heritage
de madame ma mere, qui lui fu donné
en mariage, si le voulray defendre et
chalengier contre mon adversaire Phelippe
de Valois." Ses gens obeirent tous a
son entention et n’alerent adont plus
avant. Si se loga le roy aux plains
champs et toutes ses gens aussi. Et
pour ce qu’il savoit bien qu’il n’avoit
pas tant de gens de la VIIIe partie
comme le roy de France avoit. Et si vouloit
attendre l’aventure et la fortune et
combatre il avoit bien mestier qu’il
entendist a ses besongnes si fist aviser pb 100 r

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