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mie loyaument a la fin ou les choses
peuent venir, fors a avoir la mise et
la chevance, et ce les deçoipt, respondit
a son chambellan: "Faictes moy Gise
brest Mahieu
venir et nous orrons
quelle chose il vieult dire." Cil le
fist venir. Gisebrest parla au conte.
Et lui remonstra plusieurs raisons
raisonnables, ce sembloit il au conte,
pourquoy le conte respondit: "C’est bon
que ainsi soit, si fut appellé en la cham
bre en la presence de Gisebrest Jehan Lion."
qui riens ne savoit de ceste matere.
Quant le conte lui dist et entama
et dist: "Jehan, se vous voulléz, nous
aurons grant prouffit a ceste chose." Jehan,
qui estoit loyal, en ceste ordonnance
regarda que ce n’estoit pas une chose
raisonnable. Et si n’osoit dire du
contraire. Et respondit ainsi: "Monseigneur,
ce que vous demandéz et que Gisebrest
mect avant, je ne le puis pas faire
tout seul, car dur sera a l’esvoiturier."
"Jehan," respondit le conte, "se vous vous
en voulléz loyaument acquicter, il sera
fait." "Monseigneur," respondit Jehan, "j’en
feray mon plain pouoir." Ainsi se des
partit leurs parlement. Gisebrest
Mahieu
, qui tiroit a mectre mal Jehan
Lion
du conte de Flandres, ne n’enten
doit a autre chose, s’en vint a ses freres
touz six et leurs dist: "Il est heure
mais que vous me veilléz aider en
ceste besoingne, ainsi que freres doivent
aider l’un l’autre, car c’est pour vous
que je me combaz. Je desconfiray
Jehan Lion sans coup ferir. Et le
mectray si mal du conte qu’oncques
n’en fut si bien que il en sera mal,
quoyque je die ne monstre en ce
parlement. Quant il vous requerra
de ce, si le debatéz. Et je me faindray
et diray et maintendray a monsei
gneur
que, si Jehan Lion vouloit soy
loyaument en acquicter, ceste ordon
nance
. Je congnoys bien monseigneur
de tant, ainçois qu’il n’en viegne
a son entencion, Jehan Lion perdra
toute sa grace et lui ostera son office
et me sera donné. Et quant je l’auray,
vous l’accorderéz. Nous sommes fors
et puissans en ceste ville entre les
maieurs, nul ne nous contredira
nos voulentéz. Et puis de petit
en petit je menray tel Jehan Lion
que il sera tout ruéz juz. Ainsi serons
nous vengéz subtillement et sans
cop ferir." Touz ses frere s’i accorderent.

Le parlement vint, les maieurs
furent touz apareilléz, la remonstre
rent Jehan Lion et Gisebrest Mahieu
la voulenté du conte et de ce nouvel
estatu que il vouloit eslever sur le
navire du Lis et de l’Escault, laquelle
chose sembla a tous trop dure et trop
nouvelle. Et especiallement les six
freres Gisebrest
tous d’une oppinion
estoient plus durs et plus contraires
que tous les autre, dont Jehan qui
le souverain estoit d’iceulx et qui les
voulloit a son loyal pouoir et fran
chises enciennes tenir, en estoit tout
liéz. Et cuidoit que se fust pour lui,
et c’estoit contre lui du tout
en tout.
SHF 2-103 sync Jehan Lion rapporta au conte
la responce des navieurs Gap: sampling pb 52 r