Qui eust esté en cellui temps
a
Bruges, au
Dam ou a
l’Esclu
se et eust veü
comment on estoit embe
songnié d’emplir nefs et vaisseaulx et
de mettre foin par torches en
gros et de mettre bescuit en sacs et de mettre
aulx, oingnons,
pois, feves, orge, avoine,
soigles et aulres blez, chandelles de suif
et chandelles de cire, houseaux,
chauces,
solers, heusons, bacinéz, esperons, cou
steaulx, haiches, congnies, pics, hoy
aulx, cloies
de bois, boittes pleines d’oi
gnemens, estouppes, bandeaux, coustes
pointes pour dormir, fers,
cloux pour
ferrer chevaulx, boutailles a verjus
et boutailles a vinaigre, henaps, go
déz et escuelles
de bois et escuelles d’e
stain, chandeliers, bacins, pos, greilz,
broches, hastes, outilz de cuisine,
ou
tilz de bouteillerie et
oultiz pour autres
offices et toutes aultres
choses dont on
se pouoit penser qui seroient neccessai
res a servir corps d’omme avaléz en
nefs
par tonneaulx ou autrement.
Saichiéz que l’oubliance du veoir et la plai
sance du considerer y
estoit si grande
que, qui eust eu les fievres ou le mal
des dens, il eust perdu la maladie pour
aler
de l’un a l’autre. Et comptoient ces
compaignons qui les ouoit parler l’un
a l’autre,
Angleterre
pour perdue et exi
lee sanz jamais recouvrer et tous les
hommes mors, femmes et enfans des
soubz
eage prins et admenéz en France
et mis et tenus en servaige. Mais de ce
grant appareil et d’avoir
la guerre et
l’armee de France, en
Angleterre furent
bien certifiéz et imforméz le roy d’An
gleterre
et son conseil. Et fut pour cer
tain dit et affermé que les
François venr
roient et l’avoient juré. Et
ne se doit
on point esmerveillier se si grant ap
pareil fut redoubté et se les
Anglois du
commencement furent esbahis.
Car encores faisoit on la chose plus
grosse et plus perileuse que
elle n’estoit.
Et ne sçavoit nul au voir dire en
An
gleterre encores par ymaginacion
se c’estoit pour
venir en
Angleterre ou pour asseger
Calais par mer et
par terre. Car bien sçavoient les
Anglois que
la ville du monde que les
François desirent plus a ravoir ce
estoit la
ville de Calais. De quoy pour
ceste doubte on envoia grans pour
veances a
Calais de blez et d’autres
grains et de chars sallees,
de poissons
salléz, de vins et de cervoises. Et y
fu envoié souverain cappitaines
monseigneur
Thomas de Hollande, le conte
de
Caen,
monseigneur Hues de
Carvalay,
monseigneur Guillaume Helmen, monseigneur
Dagorisset, monseigneur Gaultier de
Brines,
monseigneur Gaultier Paules, monseigneur Guillaume
Touchet, monseigneur Loÿs de
Montalbin,
monseigneur Colart d’Aubrecicourt et bien
II
C hommes d’armes et cinq cens
archiers.
Et fut ordonné aussi a estre
sur mer atout XL gros vaisseaulx
arméz pourveus de gens d’armes
et d’archiers le conte
Girard d’Arondel.
Et en sa compaingnie
monseigneur Henrry
dit Despensier, evesque de Nordvich.
Et estoient III
C hommes d’armes et
VI
C archiers tous bien arméz.
SHF 3-104 sync Dautre
part on disoit
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