envoyéz tellement que pour
resister contre la puissance du duc, la ville vous demourra, ou sinon ilz se sont
oubligiéz et en ont livréz hostaiges, que ilz le rendront. Siques, tres redoubté roy, il vous
en plaise a donner response quel chose vous en feréz." Le roy respondy et dist:
"Nous nous en conseillerons, et puis seréz respondus." Adont se parti le roy
de leur presence, et rentra en sa chambre. Je ne say
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s’il se conseilla ou non, ne
comment la
besoingna se porta, mais ces six hommes furent la VIII jours que
oncques ne furent respondus, ne depuis ilz ne veirent point le roy. Or esperoient le jour
que la ville se devoit rendre et point n’estoient encoires retourné leurs six
hommes.
¶ Le duc de Lancastre envoya son mareschal au X
e jour parler a ceulx de Besances et dire que ilz se rendesissent ou il leur
feroit a leurs ostaigiers trenchier les testes. Le mareschal vint a
Besances jusques aux barrieres et fist la venir parler les hommes de la ville a luy; ilz y
vindrent. Quant ilz furent venus, il leur dist: "Entendéz entre vous, bons hommes de la
ville de Besances. Monseigneur m’envoye devers vous, et vous fait demander
pourquoy vous n’apportéz les clefz de ceste ville en son logeiz et vous mettéz en sa
obeïssance,
ainsi que faire devéz, car les IX jours sont
accomplis des yer et bien le savéz. Se ne vous le faictes, il fera trenchier les testes a voz hostagiers
et puis vous vendra assaillir et prendre par force, et seréz tous occhiz sans merchy, ainsi que
furent ceulx de Ribadane."
¶ Quant les hommes de Besances entendirent ces nouvelles, si se doubterent
aussy de perdre leurs amis qui estoient en ostagerye devers le duc; si disoient: "En
bonne verité, mareschal, monseigneur de Lancastre a cause de dire ce que
vous dittes, mais nous n’oons nulles nouvelles de noz gens qui nous avons pour celle cause
envoiees devers le roy au Val d’Olif, ne quel chose ilz sont
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devenus."
¶ "Signeurs," dist li mareschal, "espoir sont ilz retenuz
pour les nouvelles qu’ilz ont la apportees, qui ne sont pas, ne ont esté trop plaisant au roy
de Castille. Et monseigneur ne vuelt pas plus attendre. Pour tant, aviséz vous, car
moy fait vostre response, il est ordonné que vous arréz l’assault." Dont reprirent ilz la
parolle et disrent: "Sire, or nous laissiéz assambler toutte la ville, et nous
parlerons ensamble." "Je le vueil", dist il. Lors rentrerent ilz en
Besances, et firent sonner de rue en rue les trompettes pour assambler touttes gens et venir en
la place.
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