pb 173 rles deux mareschaulx de France, messire Loÿs de Sancerre et
le
seigneur de Blaiville, et le mareschal de Bourgongne et de
Flandres, et messire Enguerran de Hedin, vindrent en la chambre
du connestable de France, pour avoir certain arrest et advis
comment on se ordonneroit, se on passeroit parmy
Lisle pour aller
a
Commines et a
Warneston, ou
les passaiges estoient gardéz, ou se
on yroit amont, vers
la Gorge, le
Venoie et
Saint Venant et passer
la la
riviere du Lis. La ot entre ces seigneurs plusieurs parolles
retournees, et disoient ceulx qui
congnoissoient le païs : "Certes, ou
temps de maintenant, il ne fait nul aller en ce
païs ne en la
terre et chastellenie de Cassel, de Furnes ne de Berthes."
¶ "Et quel
chemin tendrons nous donc?" dist le connestable. La dist le
sire de
Coucy une moult haulte parolle : "De mon advis
je conseilleroie
que nous alissions a
Tournay la passer
l’Escault et cheminer devant
Audenarde,
le chemin la saurons nous bien aiséz, et la combatre
noz
ennemis nous n’aurons nul empeschement.
L’Escault passé
a
Tournay, si vendrons devant
Audenarde et
feront droit
a
Phelippe d’Artevelle, et si serons tous les jours raffreschiz
de toutes pourveances que nous vendront
du costé de
Haynault et qui nous suivront de
Tournay par
la riviere." Ceste parolle
dicte du
sire de Coucy voulentiers fut oye
et bien entendue, et
des aucuns longuement soustenue. Mais le connestable et les
mareschaulx s’enclinoient trop plus a aller devant lui querir
et faire brief
passaige a son loyal pouoir que de aller a dextre ne
a senestre querir plus loingtain chemin,
et y mectoient raisons
raisonnables, car ilz disoient : "Se nous querons autres chemins
que le droit, nous ne monstrerons pas que nous soyons droictes
gens d’armes, a tout le
moins se nous n’en faisons nostre devoir
de aller taster se aucunement a ce pas de
Commines qui est
garder,
se dessoubz ou dessus ne pouons passer la riviere. Encores oultre,
se nous eslongnons noz ennemis, nous les resjouyrons et raffres
chirons de nouveaulx
consaulx, et
dirons
que nous les fuyrons.
Et si y a encores ung point qui grandement fait a doubter, nous
ne
sçavons sus quel estat ceulx qui sont alléz en
Angleterre sont, car, se par
aucune incidence confors leur vendroit de ce costé,
il nous donroit grant empeschement. Si
vault trop mieulx
que nous nous delivrons au plus brief que nous pourrons
en
Flandres que longuement determiner et entreprenons de
fait et de bon couraige le
chemin de
Commines. Dieu nous aydera.
Nous avons par tant de fois passé
et rappassé grosses rivieres
plus asséz que ceste n’est
riviere du Lis nous devra
tenir
pas trop longuement. Comment que soit, quant nous serons
pb 173 v