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les deux mareschaulx de France, messire Loÿs de Sancerre et
le seigneur de Blaiville, et le mareschal de Bourgongne et de
Flandres, et messire Enguerran de Hedin, vindrent en la chambre
du connestable de France, pour avoir certain arrest et advis
comment on se ordonneroit, se on passeroit parmy Lisle pour aller
a Commines et a Warneston, ou les passaiges estoient gardéz, ou se
on yroit amont, vers la Gorge, le Venoie et Saint Venant et passer
la la riviere du Lis. La ot entre ces seigneurs plusieurs parolles
retournees, et disoient ceulx qui congnoissoient le païs : "Certes, ou
temps de maintenant, il ne fait nul aller en ce païs ne en la
terre et chastellenie de Cassel, de Furnes ne de Berthes." ¶ "Et quel
chemin tendrons nous donc?" dist le connestable. La dist le sire de
Coucy
une moult haulte parolle : "De mon advis je conseilleroie
que nous alissions a Tournay la passer l’Escault et cheminer devant
Audenarde, le chemin la saurons nous bien aiséz, et la combatre
noz ennemis nous n’aurons nul empeschement. L’Escault passé
a Tournay, si vendrons devant Audenarde et feront droit
a Phelippe d’Artevelle, et si serons tous les jours raffreschiz
de toutes pourveances que nous vendront du costé de Haynault
et qui nous suivront de Tournay par la riviere." Ceste parolle
dicte du sire de Coucy voulentiers fut oye et bien entendue, et
des aucuns longuement soustenue. Mais le connestable et les
mareschaulx s’enclinoient trop plus a aller devant lui querir
et faire brief passaige a son loyal pouoir que de aller a dextre ne
a senestre querir plus loingtain chemin, et y mectoient raisons
raisonnables, car ilz disoient : "Se nous querons autres chemins
que le droit, nous ne monstrerons pas que nous soyons droictes
gens d’armes, a tout le moins se nous n’en faisons nostre devoir
de aller taster se aucunement a ce pas de Commines qui est garder,
se dessoubz ou dessus ne pouons passer la riviere. Encores oultre,
se nous eslongnons noz ennemis, nous les resjouyrons et raffres
chirons de nouveaulx consaulx, et dirons que nous les fuyrons.
Et si y a encores ung point qui grandement fait a doubter, nous
ne sçavons sus quel estat ceulx qui sont alléz en Angleterre
sont, car, se par aucune incidence confors leur vendroit de ce costé,
il nous donroit grant empeschement. Si vault trop mieulx
que nous nous delivrons au plus brief que nous pourrons
en Flandres que longuement determiner et entreprenons de
fait et de bon couraige le chemin de Commines. Dieu nous aydera.
Nous avons par tant de fois passé et rappassé grosses rivieres
plus asséz que ceste n’est riviere du Lis nous devra tenir
pas trop longuement. Comment que soit, quant nous serons pb 173 v