requeste, contemplation
et
plaisance de
hault prince
et renommé messire Guy
de Chastillon, conte de
Blois,
seigneur d’Avesnes, de Beau
mont, de Sconnehove, et de
la
Goude, mon bon et souve
rain maistre et seigneur,
consideray en moy mesmes
que pas n’estoit taillié en long
temps que grans fais d’armes
advenissent es marches de
Picardie et du
paÿs de Flan
dres puisque paix y avoit,
et
grandement me ennuyoit
a estre oyseux. Car bien sçay
que ou temps a venir quant
je
seray mort et pourry, ceste
haulte et noble histoire sera
en grant cours, et y prenderont
tous nobles et vaillans hommes
plaisance et augmentation
de bien. Et oncores que
j’avoye Dieu mercy sens, me
moire et bonne souvenance de
toutes les choses
passees, engin
cler et agu, pour concevoir
tous les fais dont je pourroie
estre
informé touchans a ma
principale matiere, aisiéz corps
et membres pour souffrir paine
me advisay que je ne vouloie
pas sejourner de non poursiev
yr ma
matiere. Et pour sça
voir la verité des loingtaines
besoingnes sans ce que
j’envoy
asse aucune autre personne
en lieu de moy, prins voye
et achoison
raisonnable d’aller
devers
hault prince et re
doubté, messire Gaston,
conte
de Foix et de Bierme et bien
sçavoie que je pouoie avoir
la grace de venir en son
ostel et la estre a loisir
pour je ne pourroie mieulx en ce monde escheoir pour
estre informé justement
de toutes nouvelles. Car la
sont et retournent voulentiers
tous chevaliers, escuiers,
gentilz
hommes et estrangiers pour
la noblesse d’icelui hault prince
et tout
ainsi comme je l’yma
ginay, il m’en advint, et
remonstray ce et le voyaige que
je vouloie faire, a
mon tresre
doubté seigneur le conte de
Bloys, lequel me
bailla ses lettres
de familiarité lesquelles s’a
dreçoient au conte de Foix.
Et
tant
chevaulcay en querant
de tous costéz novelles que
par la grace
de Dieu et sans
dommaige je vins en
son
hostel a Orthois ou paÿs de
Bierne le jour sainte Katerine,
l’an de Grace M CCC IIII
XX VIII,
lequel conte de Foix si tost
qu’il me veït, me
fit bonne
chiere et me dist en riant
en bon françois que bien il me
congnoissoit, et si ne m’avoit
onques maiz veü. Mais plui
seurs fois avoit oÿ parler
de
moy. Si me retint de son ho
stel et tout aise avoeuc le bon
moyen des lettres que
je lui
avoye portees, tant comme il
me plaist a y estre. Et la fus
informéz des
greigneures parties des besoingnes qui
estoient
advenues ou
royaume
de Castille, de Portingal, de
Navarre, d’Arragon, ou
royaume
d’Angleterre, ou
paÿs de
Bourbonnois et
en toute la
Gascoingne. Et je mesmes
quant je lui en demandoye
aucune chose, il le me disoit
moult voulentiers et me
disoit bien que l’istoire
que
pb 2 r