pb 38 vgrans de tous les navieurs. Entre
ses sept freres en y avoit
ung qui s’apelloit
Glisebreth Mathyeu,
riche homme,
saige et soubtil et entreprenant grandement trop plus
que nulz de
ses
freres. Cil
Glisebrés avoit grant
envie sus
Jehan Lyon couvertement de ce que il le
veoit si bien du
conte de Flandres et
soubtilloit jour
et nuyt comment il le pourroit oster de sa grace. Pluseurs
foiz eut en
pensee que il le feroit occire par ces
freres.
Mais il n’y parossoit pour la
doubtance du
conte tant seullement et tant soubtilla, visa et ymagina que
il
trouva le chemin et la cause pourquoy principallement
ilz s’entrehaioient, je le vous diray
pour mieulx venir
a la fondacion de ma matiere. Anciennement avoit eu
en le
ville
du Dan une guerre mortelle de deux
riches hommes navieurs
et de leurs lignages, qui
s’apelloient les ungs Jehan Piet et l’autre
Jehan Bar.
De celle guerre d’amis estoient mors eulx XVIII.
Glisebreth
Mathieu de Gand et estoit du lignage de l’un,
Jehan Lyon
estoit de l’autre. Ces haynes couvertes estoient ainsi
de longtemps nourries entre ces
deux, quoyqu’ilz
parlassent, beussent et mengassent a la fois ensemble,
et trop plus grant compte en faisoient le
Mathieu que
Jehan Lyon ne feist.
Glisebiers Mathieu, qui
soubtilloit a destruire
Jehan Lyon sans coup ferir,
advisa ung soubtil tour et sejournoit une fois le
conte de Flandres a
Gand Glisebers s’en vint
a l’un des
plus prochains chambellans du
conte et s’acointa
de luy et lui dist
ainsi que se
messire de Flandres vouloit,
il aroit ung grant prouffit tous les ans sur
les
navieurs, dont il n’auroit maintenant riens et cil
prouffit les estrangier navieurs
paieroient, voire mais
que
Jehan Lyons, qui doyen est et maistre des
navieurs,
s’en voulsist loyaulment acquitter. Cil chambrelans
dist qu’il remonstreroit
ce au
conte, ainsi que il fist. Le
conte, ainsi que pluseurs seigneurs par
nature sont enclins
a leur prouffit et ne regardent mie loiaulment a la
fin ou les choses
pevent venir, fors d’en avoir la mise
et la chevance, et ce les deçoit, respondit a son varlet:
"Faites moy
Glisebreth Mathieu venir et nous orrons
ce qu’il
veult dire." Cil le fist.
Glisebrés parla au
conte et lui
remonstra pluseurs raisons raisonnables,
se sembloit au
conte, par quoy le
conte respondit: "C’est
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