Online Froissart
Facsimile mode    Settings    Browse  |  Collate      
pb 225 r

faicte m’aviéz, si comme il appert
par les lettres sur ce faictes, que je
puis avoir, sachiéz que puis que
je sceu le fait que vous feistes a vostre
dit seigneur liege, je n’euz depuis
esperance que vous tenissiéz a moy
ne a autre quelque couvenance que
vous deussiez avoir. Et devéz pen
ser et asséz congnoistre que je n’ay
nul vouloir d’avoir aulcune aliance
a vostre personne. Et quant a la consi
deracion que vous pouéz avoir de
la dignité en quoy vous estes a present,
je ne pense pas que la vertu divine
vous y ait mis mais Dieu le puet
bien avoir dissimulé, comme il a
fait plusieurs princes regner et
en la fin leur tournoit a leur con
fusion. Et quant a moy comparer
a vostre personne, pour tant il n’en
est ja besoing en gardant mon
honneur. Et a ce que vous m’es
cripvéz que pour l’oisivete que vous
avéz eue, vostre honneur a tousjours
esté bien gardee, asséz est sceu en tou
tes contrees. Et quant a la venue
que vous penséz a faire pardeça sans
moy mander quant ne ou ce sera,
rescrivéz le moy et le me mandéz
et je vous acertaine que vous a
réz nouvelles de moy sanz guai
res attendre de tout mon vouloir
pour faire et acomplir a l’aide de
Dieu et j’ay santé ce que je vous ay res
cript par mes autres lettres, se en
vous ne tient. Et a ce que vous progeni
teurs
roys n’ont point acoustumé
d’estre ainsi chalengiéz de mendre
personne et estat qu’ilz n’estoient
eulx meismes quelz ont esté et
furent les miens, n’est ja besoing
que j’en soie herault, il est congneu
assez par tous païs. Et quant a
moy, je me sens sanz aucun re
prouche la merci Dieu car j’ay tous
jours fait ce que tout loial prodom
me doibt faire envers son seigneur
et son roiaulme, ce que fait n’avéz,
ains avéz fait tout autrement
et se tout le monde aviéz en vostre

main si m’avéz vous mie bien fait,
ne n’en faites a prisier. Or quant
a ce que vous m’escripvez qu’il vous
semble que ce que un prince roy
doibt faire, il le doit faire a l’on
neur de Dieu, de son royaume et com
mun prouffit de toute chrestienté et
non pas par vaine gloire ne pour
nulle couvoitise temporele, je vous
respons que c’est bien dit, mais se
ainsi l’eussiéz fait en vostre païs comme
vous dites cy devant, plusieurs
choses par vous faittes n’eussent
point esté par vous executees
ou païs, la ou vous demourer, et
que avoit a comparer ma treshon
nouree dame et niepce la royne d’An
gleterre vostre grant rigueur et cru
aulté qui est venue en ce païs tou
te desolee de son seigneur qu’elle a
perdu, desnuee de son douaire que
vous detenéz, despouillee de ses rou
bes, joyaulx et avoir qu’elle empor
ta pardela et qu’ele avoit de son sei
gneur, ou est cellui qui quiere a
avoir honneur qui ne se monstre
pour soustenir son fait ? Ou sont
tous nobles qui doivent garder
en tous telz cas les droiz des dames
vefves et des pucelles et de si bonne
et belle vie comme tous scevent
est ma dessus dicte dame et niep
ce ? Et pour ce que je lui appartiens
de si prés, comme chascun scet, en
moy acquitant devers Dieu et aus
si devers elle, comme son parent, vous
respons je aux poins que vous dictes
que pour eschiver l’effusion du
sang vous estant venu pardela et
moy estant contre vous, me respon
driéz plus voulentiers du corps
contre corps ou autrement a plus
grant nombre que de present ne m’es
crivéz que a l’aide de la benoite Tri
nité, de Nostre Dame et de monseigneur saint
Michiel sceu de vous la response
de ces lettres, soit corps a corps ou
nombre ou pouoir a pouoir, vous
me trouveréz en faisant mon de
voir et en regardant l’onneur de pb 225 v