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en grant cours et y prendront tous no
bles et vaillans hommes plaisance et aug
mentacion de tout bien. Et encores que
j’avoye Dieu mercy sens et memoire et
bonne souvenance de toutes les choses
passees, engin cler et agu, pour concep
voir tous les faitz dont je pourroie estre
informé touchans a ma principalle
matiere, aage, corps et membres pour
souffrir painne, me advisay que je
ne vouloye pas sejourner de non pour
suivir ma matiere. Et pour savoir la
verité des loingtainnes besoingnes sans
que je y envoyasse autre personne en
lieu de moy, prins voye raisonnable
et achoyson d’aler devers hault prince
et redoubté maistre Gaston, conte de
Foix et de Bierne
, et bien savoye que se
je pouoye avoir la grace de venir
en son hostel et la estre a loysir je ne
pourroye mieulx au monde escheoir
pour estre informé justement de toutes
nouvelles car la sont et retournent
moult voulentiers tous chevaliers et
escuiers estrangers pour la haulte
noblesse de luy. Et de tout ainsi comme
je l’imaginay, il m’en advint. Et remons
tray ce et le voyage que je vouloie fere
a mon tresredoubté seigneur le conte de Blois,
lequel me bailla ces lettres de familiarité
adressans au conte de Foix et tant che
vauchay en querant de tous costéz
nouvelles que par la grace de Dieu sans
peril et sans dommage je vins en son
hostel a Ortays ou paÿs de Berne
le jour
saincte Katherine, l’an de Grace mil
trois cens quatre vingtz et huit, lequel
conte de Foix si tost comme il me veït,
me fit bonne chere et me dit en riant
en bon françois que bien il me con
gnoissoit et si ne m’avoit oncques maiz
veü. Mais plusieurs foiz avoit oÿ parler

de moy, si me retint en son hostel et
tout ayse avecques le bon moyen des
lettres que je luy avoye portees tant
comme il me pleut a y estre. Et fuz la
informé de la greigneur partie des
besoingnes qui estoyent advenues au
royaume de Castille, de Portingal, de
Navarre, d’Arragon
et au royaume
d’Angleterre
, ou paÿs de Bourbonnoys
et en toute la Gascoingne et luy mesmes
quant je luy en demandoye aucune cho
se, il me disoit moult voulentiers et
me disoit bien que l’istoyre que je pour
suivoye seroit au temps advenir plus
recommandee que nulle aultre. "Raison
pourquoy", disoit il, "beau maistre. Puis
cinquante ans ilz sont advenus plus
de faitz d’armes et de merveilles au monde
qu’il n’estoit trois cens ans en devant."
Ainsi fus je en l’ostel au conte de Foix
recueilly et nourry a ma plaisance,
c’estoit que je desiroye a enquerre
de toutes nouvelles touchans a ma
matiere et j’avoye a ma voulenté ba
rons, chevaliers et escuier qui m’en
informoyent, et le gentil conte de Foix
aussi. Si vous esclarciray par beau
langage tout ce dont je fus adoncques
informé pour acroistre ma matiere
et pour donner aux bons exemple qui
se desirent avancier. Car cy dessus j’ay
prolongé grans faitz d’armes et prises
et assaulx de villes, de chasteaux, ba
tailles et dures rencontres, et encores
en trouveréz vous grant foyson, desquelles
et desquelz par la grace de Dieu je
feray bonne et juste narracion.
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