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gnolz avoient couronné a roy son filz.
Messire Thomas Trivet et messire
Guillaume Helmen
respondirent et chascun
par soy mesmes: "Mes chiers seigneurs,
a la mort du roy Henry ne au couron
nement de son filz ne fusmes nous
pas. Car par ce temps nous estions
retraitz en Navarre. Maiz véz cy ung
herault qui y fut, si le pouéz savoir
par lui, s’il vous plaist". Adonc fut
le herault appelléz et interroguéz du
duc de Lancastre comment l’affaire
avoit alé. Il en respondit ainsi et dist:
"Monseigneur, a la requeste de vous
j’en parleray. Entrementres que mes
seigneurs
qui cy sont, estoient a Pam
pelune
, qui attendoient l’acomplisse
ment des traittiéz qui fais estoient,
par leur congié je demouray deléz le
roy de Navarre moult honnoréz de
lui et de ses gens, me parti de Pam
pelune
en sa compaignie, et vint le
roy a Saint Dominige. ¶ Contre
sa venue issirent hors le roy Henry a
grant gent, qui en amour et par bonne
paix l’attendoit. Et fut le roy de Na
varre
moult honnouré de lui et de
ses gens et lui donna ce soir a souper
moult honnestement. Aprés souper
nouvelles vinrent que ung sanglier
estoit ens es landes couchié pres de la.
Si fut ordonné que l’endemain on le
yroit chacier. A celle chace furent les
deux roys et leurs veneurs et fut
le sanglier pris, et retournerent
en grant amour ce soir a Saint Do
minique
. ¶ A l’endemain se parti le
roy Henry et s’en ala a Pierre Ferrade
pour une journee qu’il avoit la contre
ses gens. La lui prist une maladie
dont il mourut, et sceut sa mort le

roy de Navarre sur les champs. Car il
le venoit veoir. Adonc retourna il tout
courroucié et je pris congié a lui en son
paÿs
. Si m’en alay en Castelle pour
veoir et apprendre des nouvelles et
trespassa le roy Henry le jour de la Pen
tecouste. ¶ Asséz tost aprés, le XXVe
jour de juillet, le jour saint Jaque et
saint Christofle, fut couronné le roy Jehan
de Castelle, aisné filz du roy Henry
, en
l’eglise cathedral de la cité de Burgues,
au quel couronnement furent tous les
barons et les prelas d’Espaigne, de
Gallice, de Corduen et de Sebille
et
tous lui jurerent sur saintes Euvan
gilles a le tenir a roy, et fist ce jour
CC et dix chevaliers et donna de
beaulx dons. A l’endemain de son couron
nement a grant compaignie de nobles,
il s’en vint a une abbaye de dames au
dehors de Burgues, que on dist le Sorchez
.
La oït la messe et disna, et la ot grans
joustes, et en ot grant pris le viconte
de Roquebertin d’Arragon
et ce soir re
tourna le roy a Burgues et durerent
ces festes bien XV jours." Adonc deman
da le duc de Lancastre se le roy de Por
tingal
avoit point esté priéz d’avoir
la esté. Il respondi: "Oil. Mais il n’y volt
venir. Et fus informé que il avoit res
pondu au message qui y estoit alé que
au couronnement du filz d’un bastart
ne yroit il point." "Par ma foy", respondi
le duc, "de ces paroles dire fut il bien
conseillé et lui en sçay bon gre, et les
choses ne demourront pas longuement
en cel estat. Car moy et mon frere lui
challangerons l’eritage dont il se dit
roy." A tant finerent ces paroles, si de
manderent le vin. ¶ Nous nous
soufrerons maintenant de ceste matiere pb 231 v