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la paour des rebellions d’Angleter
re
. Et comment le roy anglois pu
gny les cappitaines et maistres
de ces rebellions quy y estoient.
Or vous parlerons du duc de
Lancastre, qui estoit sur les
marches d’Escoce en ces jours que ces
adventures advindrent et cilz re
velemens de peuple en Angleterre,
et traittoit aux Escocs, au conte de
Douglas
et aux barons d’Escoce. Bien
savoient les Escocs tout le couvenant
d’Angleterre, et aussi faisoit le duc.
Mais nul semblant n’en faisoit aux
Escocs. Ainçoys se tenoit aussi fort
en ses traittiéz que se Angleterre
feust toute en bonne paix. Tant fut
parlementé et alé de l’un a l’autre
que unes trieves furent prinses a
durer trois ans entre les Escocs
et les Angloys et les royaumes
de l’un et de l’autre. Quant ces
trieves furent acordees, les seig
neurs furent l’un devant l’autre
en eulx honnorant et la dist le conte
de Douglas
au duc de Lancastre: "Sire,
nous savons bien le revelement et
rebellion du menu peuple de
Angleterre
par celle incidence
est et puet venir. Si vous tenons
a mout vaillant et a tres saiges,
quant si franchement en vos traitti
éz vous vous estez tousjours tenuz car
nul semblant n’en avéz fait ne monstré.
Si vous disons et vous offrons que se
il vous besoigne de cinq ou de VIC lances
de nostre costé, vous les trouveréz tantost
toutes prestes en vostre service." "Par
ma foy," respondi le duc, "beaulx seigneurs,

grans mercis. Je n’y renonce pas. Maiz
je ne cuide point que mon seigneur ne
ait si bon conseil que les choses venront
a bien. Et toutesfoiz je vueil de vous avoir
un seür saufconduit de moy et des miens
pour moy en retourner et tenir en vostre
paÿs
se il me besoigne, tant que les
choses soient apaisees." Le conte de Dou
glas
et le conte de Mouret, qui avoient
la la puissance du roy, lui acorderent
legierement. ¶ Adont prinrent ilz
congié l’un de l’autre et se departirent.
Les Escocs s’en retournerent a Hande
bourch
, et le duc et les siens s’en alerent
vers Bervich et cuidoit le duc propre
ment en la cité entrer. Car au passer
il avoit la laissié ses pourveances.
Mais le capitaine de la cité, qui s’apelloit
messire Mahieu Rademen
, lui cloy la
porte au devant de luy et de ses gens et
lui dist qu’il lui estoit deffendu du con
te de Northombrelande, regard et sou
verain pour le temps de toute la mar
che, la frontiere et le paÿs de Northom
brelande
. Quant le duc entendi ces
paroles, si lui vindrent moult a contrai
re et a desplaisance. Si respondi: "Comment,
Mahieu Rademen, y a il autre souverain
en Northombrelande de moy mis et es
tabli depuis que je passay et que je
vous lessay mes pourveances? Dont
vient ceste nouvelleté?" "Par ma foy,"
respondi le chevalier, "monseigneur oil, et de
par le roy. Et ce que je vous en faiz, je
le faiz enviz. Mais faire le me couvient.
Si vous prie pour Dieu que vous m’en
tenéz pour excusé. Car il m’est enjoint
et commandé sur mon honneur et sur
ma vie que point n’y entréz, ne les vos
tres." Vous devéz savoir que le duc de pb 301 v