ou milieu des dictes
roynes. Et adont le
dit
cardinal parla ainsi : "
Monseigneur de
Navarre, nul ne se doit esmerveillier
se le
roy mon
seigneur s’est tenu pour malcon
tent de vous pour le fait qui est avenu,
lequel il ne
couvient ja que je le die.
Car vous l’avéz si publié par voz lettres
et autrement partout
que chascun le
scet. Car vous estes tant tenu a lui que
vous ne le deussiés avoir fait, vous
estes
de son sang si prouchain comme chascun
le scet, vous estes son homme et son
per, et si avéz espousee
madame sa
fille, et de tant avéz plus mespriz.
Toutesvoies pour l’amour de
mesdames
les roynes qui cy sont, qui moult af
fectueusement l’en ont prié, et aussi
pour ce qu’il tient que vous l’avéz fait
par petit
conseil, il le vous pardonne
de bon cuer et de bonne voulenté." Et
lors les dictes
roynes et le
roy de Na
varre mistrent chasun le genoil
a terre, et
remercierent le
roy. Et
encore dist lors le dit
cardinal que aucun
du
lignaige du
roy ou autre, ne
s’aventurast doresenavant de faire
telz fais comme
le
roy de Navarre avoit fais. Car vraiement s’il avenoit
et feust le filz du
roy qui le feist
du plus petit officier que le
roy eust, si en seroit il justicié.
Et dont
la court se departy. Le XXI
e jour
de mars un chevalier banneret
des basses marches appellé monseigneur
Regnaut de
Prissegny, seigneur de
Marant pres de La Rochelle, fu trainé
et puis pendu au gibet
de
Paris par
le jugement de
Parlement et de
plusieurs
du
grant conseil du roy.
GCF 6-7 sync L’an mil III
C LIIII, ou mois d’aoust
se reconcilierent au
roy de France le
conte de Harecourt et
monseigneur Loÿs son
frere. Et lui
deurent reveler des
choses si comme l’en disoit et par especial
tout le traittié de la mort
de
monseigneur
Charles, le connestable. Et ou mois
de
septembre ensuivant se party de
Paris le
cardinal de Bouloingne, et s’en ala en
Avignon. Et disoit l’en communement
qu’il
n’estoit point en la grace du
roy,
ja soit ce que par l’espace d’un an qu’il
avoit
demouré en
France, il eust esté
tousjours si privé avec le
roy
comme
pouoit estre d’autre. En ce temps se
absenta du
royaume de France
monseigneur
Robert de Lorris, chambellan du roy de
France. Et disoit l’en que
s’il eust esté
tenu, il eust eu dommage du corps
pour ce qu’il devoit revelé au
roy de Navarre aucuns secréz du
roy
de France, si comme les
dis de
Harecourt devoient avoir revelé au
roy de France.
Ou mois de
novembre ensuivant le
roy
de Navarre se party de
Normandie et ala esbattant par plusieurs lieux jusques
en
Avignon. En ce mois se partirent
de
Paris l’
arcevesque de Rouen,
chancelier
de France, le
duc de Bourbonnois et plusieurs
autres pour aler
en
Avignon. Et y alerent
le
duc de Lencastre et plusieurs autres
Englois pour traittier de paix devant
le
pape, entre les
roys de France et
d’Engleterre.
GCF 6-8 sync Ce meisme mois
se party
de
Paris le
roy de France, et ala en
Nor
mandie et fu jusques a
Caen, et fist
prendre et mettre toutes les
terres du
roy de Navarre et sa main, et instituer
officiers depar lui, et mettre
gardes
es chasteaux du
roy de Navarre, excepté
en VI, c’est
assavoir en
Evreux,
le Pont
audemer,
Chierbourc, Gavray,
Avrenches et Mortaing. Lesquelx ne lui furent
pas renduz. Car il avoit dedens
Na
varrois, qui
respondirent a ceulx que
le
roy y envoia, qu’ilz ne les rendroient
fors au
roy de Navarre leur seigneur,
qui les leur avoit baillees en garde.
Ou mois
de jenvier ensuivant vint a
Paris monseigneur Robert de Lorris par saufconduit
qu’il eut du
roy, et demoura bien XV
jours a
Paris avant qu’il eut accés de
parler au
roy. Et aprés y parla
il.
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