Anthoine d’Archies, le seigneur de
Saintpy,
messire Guillaume des Bourdes, le sire
de Longueville,
le sire de Sully, messire Tri
stan de Lestovet, messire Olivier du Cles
quin, messire Morice de Treguidy, messire
Guy le Baveux,
messire Lucas de Lestrughen,
messires Nicole Pamel, les deux mares
chaulx de France, messires Loÿs de Sanxerre,
messire Loÿs de Blanville, le mareschal de
Bourgongne, le mareschal de
Flandres,
messire Anguerrant de Heluyn vindrent
en la chambre du connestable de France
pour avoir certain arrest et advis comment
on s’ordonneroit,
si on passeroit parmy
Lisle pour aller a
Commines et a
Arvalveston,
ou les passages estoient gardéz, ou si on
yroit amont vers
la
Gorge de Venoye et
a
Saint Venant et passer la
riviere du Liz.
La eut entre ces seigneurs plusieurs parol
les tournees, et disoient
ceulx qui cognois
soient le paÿs : "Certes, pour le temps de
maintenant il ne fait nul
aller en ce paÿs
ne en la terre et
chastellenie de Cassel, de
Furnes ne de
Verthes." "Et lequel chemin
tiendrons nous doncques?" dist
le conne
stable. La dist le
sire de Coucy une moult
haulte
parolle : "Je conseilleroye que nous
allissions a
Tournay, et la passer
l’Escault et cheminer devant
Audenarde. Le chemin
y
est bien aisié, et la combaterons noz en
nemis, nous n’aurons nul empechement.
L’Escault passé jusques a
Tournay, si vien
drons devant
Audenarde, et ferons droit
a
Phelippes d’Artevelle et serons tous
les
jours refreschiz de toutes pourveances
qui nous viendront du costé de
Haynault et qui nous suyvront de
Tournay par la
riviere." Ceste parolle dicte du
sire de
Coucy fut bien voulentiers ouye et
enten
due, et des aucuns longuement soustenue.
Mais le connestable et les mareschaulx
s’enclinoient trop plus d’aller devant luy
querir et faire brief passage
a son loyal
pouoir que d’aller a dextre ne a senestre
querir plus loingtain chemin. Et y
met
toient raisons raisonnables, car ilz di
soient : "Si nous querons
autres chemins
que le droit, nous ne monstrerons pas
que nous soyons bonnes gens
d’armes.
A tout le moins si nous n’en faisons no
stre devoir d’aller taster si comme a ce
pas
de
Commines qui est gardé pour sçavoir
se dessoubz ou desus nous
pouons passer
la riviere. Encores oultre, se nous eslon
gons de noz ennemis,
nous les resjouy
rons et refreschirons de nouveau, et
auront nouveaulx consaulx, et diront que nous
les
fuyrons. Et si y a encores ung point
qui grandement fait a doubter, nous ne
sçavons sur
quel estat ceulx qui sont alléz
en
Angletere sont, car si par aucune inci
dence confort leur venoit de ce costé, il nous
donneroit grant empeschement. Si vault
trop mieux que nous nous delivrons
au plus brief que nous pourrons en
Flan
dres que d’estre longuement a determiner
et entreprenons de fait et de bon courage
le chemin de
Commines, Dieux nous aidera.
Nous avons par tant de fois
passé et ra
passé grosses rivieres plus fortes que ceste
riviere du Liz n’est, si
ne nous devra pas
tenir longuement comment que ce soit et
quant nous serons sur les
rives, adonc
aurons nous advis, et ceulx qui seront
en nostre compaignye en
l’avantgarde, qui
ont veü puis XX ans ou XXX plusieurs
autres passages plus perilleux que cestuy
n’est que nous passerons la riviere. Et
quant
nous serons oultre, noz ennemys seront
plus esbahiz cent fois que
se nous allions
a nostre aise querir a dextre et a senestre
hors de nostre droit chemin le
passage et
nous
pourront nommer et compter sei
gneurs de
Flandres." Tous
s’acorderent
a ce derrenier propos, ne oncques depuis
ne fut brisé ne nulz autres remys
sus.
Et pour ce que ces vaillans seigneurs se
trouverent la tous ensemble, si dirent :
"Il est besoing que nous advisons et re
gardons aux ordonnances des batailles
et
lesquelz yront a l’avantgarde avecques
le connestable, et lesquelz ordonnerent des
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